• Lilyhammer est une série américano-norvégienne (un choix surprenant) comique et dramatique, créée par Anne Bjornstad et Eilif Skodvin et produite et diffusée en 2012.

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  • Qu’est-ce que c’est ?

    Ladykillers (The Ladykillers en VO) est une comédie noire sortie en 2004 et réalisée par les frères Joel et Ethan Cohen. Co-scénarisé par les frères Cohen eux-mêmes, Ladykillers a été produit par Touchstone Pictures et diffusé par Buena Vistal Pictures. Le film a été nommé pour 5 prix du Festival de Cannes 2004 et a remporté le Prix du Jury, pour la performance de l’actrice Irma P. Hall.

     

    De quoi ça parle ?

    Vieille dame très pieuse, Marva Munson reçoit un jour la visite du charmant et cultivé Professeur Goldthwait Higginson Dorr. Il s’avère que le Professeur désire louer une chambre chez Mme Munson et utiliser sa cave pour des répétions de musique religieuse avec quelques-uns de ses amis. Il s’avère cependant que le Professeur et ses “compagnons” ne sont rien de plus qu’une bande de voleurs dont le seul but est de creuser un tunnel de la cave de Mme Munson jusqu’au coffre-fort d’un casino très important et, donc, plein d’argent…

     

    Le scénario, c’est solide ?

    Les frères Cohen n’ont rien inventé : Ladykillers est le remake de Tueurs de Dame, sorti en 1955 (soit près d’un demi-siècle plus tôt), avec dans le rôle principal Alec Guinness, que certains connaissent aussi sous le nom de Ben Kenobi.

    Si l’œuvre originale se déroule à Londres, vers la gare de King’s Cross (Tu es un Jedi, Harry), l’action du remake se passe dans l’État du Mississippi. Pas spécialement à côté, donc. L’univers du film est empreint de gospel et de métaphores bibliques, qui caractérisent fondamentalement le personnage de Mme Munson, et sa relation avec le Professeur.

    Le scénario en lui-même se présente comme une comédie américaine assez classique, presque digne du Frat Pack : une bande de bras cassés qui ne parvient pas à s’entendre essaie de réaliser le coup du siècle mais est sans cesse interrompue par une mamie acariâtre. Seulement, il s’agit des frères Cohen. Ce sont les gars étranges qui ont pondu The Big Lebowski, Barton Fink et, bien entendu, Fargo, pour ne citer que ceux-là. Et à chaque fois, c’était des films étranges (voire très étrange en ce qui concerne Barton Fink) et truffés de symbolisme.

    Ladykillers ne déroge pas à la règle. Le film s’ouvre sur une péniche à ordures qui passe sous un pont pour déposer tout son contenu pourri sur une île-décharge. Ce thème est repris plus tard, lorsqu’un pasteur dit que ceux qui ont dérogé aux dix commandements ont été bannis par Moïse sur un îlot plein d’immondices “très très loin du royaume de Dieu”. Peu après la scène d’ouverture, la brave Mme Munson vient porter plainte auprès du shérif local et se lance dans une tirade qui se finit par le fait qu’un étrange est parmi eux pour les détruire. Et boum, deux minutes après, arrivée du méchant en ombre chinoise. Bon, c’est vrai, c’est pas forcément toujours subtil, comme le cas je viens d’énoncer, mais il demeure que les ficelles sont souvent tirées avec brio.

    Ladykillers sert en quelque sorte d’hagiographie allégorique. Derrière une histoire humoristique et noire se dresse une parabole sur le Bien et le Mal : les personnes perverties par leur quête de richesse et de gloire y perdront forcément leur âme, tandis qu’une personne qui vit son existence sans histoire et qui se montre généreuse vivra toujours plus longtemps.

     

    Ok, mais quid des acteurs et des personnages ?

    Il est indéniable que le film avance grâce à la relation entre les deux personnages principaux, Mme Munson et le Professeur, incarnés respectivement par Irma P. Hall et Tom Hanks. L’une est une mamie pieuse et honnête, presque kantienne dans l’âme, l’autre est un menteur et un séducteur, digne successeur de Machiavel. L’une ne jure que par les Saintes Écritures, l’autre ne cesse de citer des paragraphes entiers des œuvres d’Edgar Allan Poe, tant les Stances à Hélène que le célébrissime Corbeau. Bref, tout indique que ces deux-là sont diamétralement opposés et, ironiquement, ce sont les deux personnages qui communiquent le plus.

    Irma P. Hall incarne Mme Marva Munson qui, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, est une vieille dame très croyante. Irma P. Hall a d’ailleurs gagné, pour son interprétation, le Prix du Jury du Festival de Cannes 2004. Cependant, je dois avouer que… je suis assez partagé. D’un côté, on cerne tout de suite le personnage : la grand-mère sans enfants, bigote, veuve, et donc acariâtre, peu éduquée et naïve. Mais c’est là que réside le problème. J’ignore si c’est dans l’écriture du personnage ou dans la façon de le jouer, mais il ressemble davantage à une caricature stéréotypée qu’à une personne crédible. Certes, il s’agit d’une comédie, et certes, c’est un film des frères Cohen, qui ont l’incroyable capacité de nous présenter des personnages loufoques, mais on dirait que l’idée n’est pas menée jusqu’à son terme, comme s’ils avaient subitement souhaité faire marche arrière. Par conséquent, on a droit à une Marva Munson un peu brinquebalante et, en fin de compte, pas très convaincante.

    Face à Irma P. Hall se dresse le grand Tom Hanks (sérieusement, 1m83), qui incarne le Professeur Goldthwait Higginson Dorr, plus généralement appelé Professeur. Au cas où on ne l’avait pas bien saisi, il s’agit du cerveau de la bande de malfaiteurs. Là où Irma P. Hall surjoue son rôle à la caricature, Tom Hanks le surjoue juste comme il faut (et c’est peut-être ce qui dessert l’actrice au final). Le Professeur est grandiloquent, bavard, charmeur et plutôt diabolique. Il joue lui-même un rôle qui n’est pas le sien, et auquel il a du mal à se conformer. Tom Hanks parvient, grâce à ses maniérismes dérangeants et à ses intonations bien placées, à donner naissance à un personnage attachant (on a presque envie qu’il arrive à ses fins) et pourtant terriblement maléfique. On prend plaisir à le voir siroter une tasse de thé en compagnie de son hôte tout en sachant qu’il n’a rien d’un ange… et pourtant il joue si bien la comédie qu’on se demande s’il n’est pas vraiment en train de profiter d’un simple moment de détente. Il en ressort au final un personnage volontairement dérangeant qui met véritablement le spectateur mal à l’aise… et qu’on continue de réclamer !

    Marlon Wayans / Gawain : il est surprenant que Joel et Ethan Cohen aient choisi dans leur casting l’un des innombrables frères Wayans. Habitué des rôles de comiques, Marlon Wayans avait percé sur la scène internationale dramatique grâce à Requiem For A Dream, de Darren Aronofsky, en 2001, mais restait au demeurant dans l’ombre de l’exaspérant Chris Tucker. Ce choix m’a donc véritablement étonné. Après tout, je ne connaissais Marlon Wayans que pour sa contre-performance dans Donjons & Dragons… Je ne pouvais donc que m’attendre à du mieux de sa part. Et, pour être honnête, il n’est pas mauvais. C’est juste dommage qu’il soit cantonné au rôle du petit voyou qui aboie beaucoup mais ne mord pas, un branleur je-m’en-foutiste comme on en voit des dizaines dans les films policiers. Pourtant, vers la toute fin, le personnage dévoile une facette complètement différente de sa personnalité, ce qui le rend bien plus dramatique, mais c’est malheureusement trop tard pour éviter le naufrage.

    J. K. Simmons / Garth Pancake : le soi-disant expert en explosif atteinte d’une irritation pathologique du colon (cherchez pas…) Garth Pancake est interprété par J. K. Simmons. Simmons est un acteur très connu dans le monde des seconds rôles. C’est un peu le Jim Broadbent américain. C’est le genre d’acteur qui ne figurera jamais sur le devant de la scène, mais qui a un talent certain pour mettre les autres en exergue. Dans Ladykillers, Simmons fait encore une fois ce qu’il sait faire de mieux : le personnage loufoque par excellence. Complètement déphasé par rapport aux évènements, le personnage de Garth Pancake se fait balader d’un bout à l’autre. Il essaie de faire de son mieux mais n’en demeure pas moins un incapable malchanceux. Il est touchant car il semble vraiment authentique et apporte toujours l’humour nécessaire (mais néanmoins bizarre) aux scènes un peu lourdes.

    Tzi Ma / le Général : acteur américain d’origine hong-kongaise, Tzi Ma incarne un personnage simplement connu sous le sobriquet du Général. Et, oui, c’est clairement le personnage le plus comique de tout le film. Ex-Vietcong spécialiste des tunnels, le Général est un individu avare de mots, s’exprimant presque exclusivement par demi-syllabes et grognements autoritaires. Et c’est justement en cela qu’il est réussi : contrairement à Mme Munson, ou à Gawain, qui succombent aux stéréotypes maladroits et donnent l’impression de ne pas être “terminés”, le Général est fidèle à lui-même du début à la fin du film. On peut lui imaginer des dizaines de backgrounds sans pour autant le dénaturer, allant même jusqu’à se demander s’il a un jour vraiment été Général ou s’il n’est pas lui aussi qu’un simple escroc.

    Ryan Hurst / Lump : le dernier membre de la bande, Lump, est naturellement le gros costaud, celui qui va faire tout le travail physique, bref, le crétin musclé. Ryan Hurst se charge de jouer ce rôle. Rien à dire sur sa performance, elle est tout à fait juste. Le personnage en lui-même n’est pas spécialement intéressant, n’étant présent que pour rajouter du comique aux scènes. Il souffre lui aussi de l’impression de non-achevé qui assaille la moitié des personnages. Car, tout crétin qu’il est, Lump a à plusieurs reprises des sursauts de lucidité qui feraient passer le Professeur pour un idiot lui aussi. Ces moments de clairvoyance auraient justement pu amener un contraste, c’est-à-dire en présentant par exemple Lump comme le seul personnage qui n’est pas au-delà de la rédemption, mais le problème qui demeure, c’est que ces instants-là n’existent que pour faire rire. Alors oui, ils font rire, ils sont même très bien placés, mais ils laissent toujours ce petit arrière-goût d’inachevé. Dommage.

     

    Ok, et la musique ? 

    La musique est très présente dans Ladykillers. Il s’agit principalement de chants de gospel mélangés à de la musique classique et, parfois, quelques étranges rythmes de rap/hip-hop. Ce choix est somme toute naturel, car Mme Munson va à l’église, où se chante le gospel, elle déteste de le “hop-hop” car elle considère que c’est une musique impie et intolérante, et est charmée par la façon dont le Professeur et sa bande “jouent” de la musique baroque pour couvrir leur véritable activité.

    La bande-son accompagne le déroulement des évènements de façon très synchronisée. Il y a une véritable symbiose entre les mouvements des notes et les mouvements des personnages, et le résultat est impressionnant. Le traitement de la musique est poussé jusque dans les paroles, qui illustrent, toujours d’une façon parabolique, les actions et qui présagent déjà le destin des malfrats.

    On sent grâce à tout cela, grâce à toute cette attention minutieuse portée sur la bande-son, que le film jouit d’une unité et d’une solidité que d’autres n’ont pas, ou en tout cas dans une moindre mesure.

     

    Et au final ?

    Ladykillers se présente comme une comédie très sympathique. La touche de loufoquerie si personnelle des frères Cohen ajoute un charme singulier, rafraichissant et inhabituel à une histoire qui paraît assez classique de prime abord.

    Tous les sous-entendus, toutes les insinuations et allusions sont très subtiles, et rendent l’œuvre encore plus délicieuse après plusieurs visionnages. Bien sûr, les failles présentes dans la moitié des personnages sont un peu gênantes, voire embarrassantes quand on y regarde bien, mais cela n’empêche en rien de profiter du film pour ce qu’il est.

    Ladykillers fait partie de ces films, avec The Big Lebowski, dont on ignore totalement s’il est bon ou mauvais. Pour moi, en dépit de ses quelques défauts parfois parasitaires, Ladykillers reste un film excellent qui est très agréable à voir et à revoir.

     

    Verdict

    EXCELLENT

    Et vous, que pensez-vous de ce film ? L'avez trouvé excellent / bonn / bof / horrible ? Faites-moi savoir dans les commentaires ci-dessous !


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