• La parenthèse fantastique

                Antonio Vendini était créé, certes, mais seulement dans une nouvelinette de 120 lignes. Mortellement jaloux de Christopher Paolini, qui était déjà connu à l’âge de 19 ans pour avoir publié Eragon, je m’étais dit que je le battrais en écrivant un super roman policier. Mais, hé hé, évidemment, à cet âge-là, on n’a pas véritablement les moyens de rivaliser avec une épopée pareille, et on ne mesure pas non plus ce qu’on dit. J’avais donc écrit 20 lignes, dans lesquelles Morgane, persuadée que Vendini avait survécu à leur précédente rencontre, contactait un détective privé du nom de Tom Wyvern pour en avoir le cœur net. À la fin de la 19ème ligne, j’avais compris que je ne serais jamais un écrivain mondialement connu aussi jeune et que je devais patienter. J’ai par conséquent mis Vendini au placard, en attendant de pouvoir le ressortir un jour.

     

                Ce jour est arrivé au printemps 2008. En été 2007, j’avais lancé un “concours” avec un copain dont le but était d’écrire une histoire qui faisait intervenir notre petite bande d’amis. On utilisait l’univers d’heroic fantasy des jeux Elder Scrolls (aaaah l’originalité du jeune âge !) et… ouais, en fait, c’était juste de la fanfiction. Ce concours a finalement donné naissance aux Protecteurs de Tamriel. C’était basiquement l’histoire de jeunes de chez nous qui étaient transportés dans ce monde fantastique on-ne-sait-comment dans le but de vaincre le terrible comte Arx Fatalis (l’originalité du jeune âge, bis). Ayant écrit un cycle de 4 aventures (de 21 pages chacune, ce qui constituait pour moi déjà un véritable exploit), je décidais de leur donner une suite. Et c’est là qu’Antonio est intervenu. Antonio Vendini, avec sa veste croisée et ses airs de minet napolitain, c’était évident qu’il ne pouvait qu’appartenir à un univers fantastique ! Et je l’ai donc introduit tel quel en tant que bras droit du comte Arx Fatalis. Cette introduction fut en fait très profitable au personnage, car je lui ai attribué deux éléments qui allaient contribuer de façon décisive à son élaboration.

     

                La toute première fut son gant. Antonio, pour une raison que j’ai toujours été incapable d’expliquer, ne porte qu’un gant, à la main droite. En fonction des versions, je l’ai justifié de façon plus ou moins habile. Par exemple, dans les Protecteurs de Tamriel, il porte le gant pour cacher une infirmité. Infirmité qui s’avère être l’absence de sa ligne de cœur sur la paume. Complètement idiot, on est d’accord. Je me suis dit qu’Antonio était immortel tant que sa ligne n’existait pas, mais qu’elle pouvait se creuser dès qu’il commençait à s’attacher sentimentalement à quelqu’un, et ainsi devenir mortel. J’hésite tellement entre dire que c’est gnan-gnan ou que c’est romantique que j’ai pris la décision d’inventer le terme “rognantique”. Le deuxième ajout majeur de cette période fut, plus que le gant, celui de Valéria. Valéria est un personnage très récurrent dans mes textes, qu’ils soient fantastiques ou non. Valéria était la sœur d’Antonio, une petite poulette blonde. À l’inverse de son sadique frangin calculateur, Valéria était plus émotive et quand même plus raisonnable. L’intérêt de cette relation n’était pas très important dans les Protecteurs de Tamriel, Valéria mourant tout au début du 2ème cycle, mais il le devint dans une autre série.

     

                Parallèlement à son apparition dans les Protecteurs de Tamriel, je décidai de donner à Antonio sa propre série de nouvelles. Mon plus grand regret fut d’y ajouter des éléments de fantastiques qui ne concernaient qu’Antonio. Antonio était toujours immortel, et bloqué éternellement à l’âge de 32 ans. Mais j’étais assez fier du reste ! J’ai remasterisé ma toute première nouvelle (voir LA NAISSANCE) et ai pu lui donner une suite : Valéria, sur les ordres de Don Tino Rose, devait aider Antonio à éliminer l’increvable Morgane Danler. Les choses tournent mal à cause d’une rixe entre les deux assassins, et, de fil en aiguille, ils découvrent que Rose essaie de les faire éliminer tous les deux. Antonio et Valéria découvrent qu’ils sont frère et sœur, tuent Rose et laissent s’échapper Morgane. Ils se reconvertissent dans le mercenariat, et vivent diverses aventures, dans lesquelles ils rencontreront tour à tout Carlos Delrio (alors nommé Delario), Giulia Ferrogallo, Dorian Veidt, et Jake. Mais tout tourna au tragique quand Antonio fut obligé de tuer son fils (immortalité oblige) qui désirait tuer Valéria. Il s’avéra qu’en fait, Antonio était irrémédiablement amoureux de sa sœur (ça se tenait, ils avaient vécu en ignorant l’existence l’un de l’autre). Ils vécurent une dernière aventure ensemble à la fin de laquelle Valéria fut assassinée, plongeant Antonio dans une folie destructrice et un désespoir mortel. Et c’est là qu’intervient le dernier élément décisif de cette période, celui qui allait donner une dimension plus profonde à notre criminel ambitieux national.

     

                Cet élément portait le nom de Boris, et avait été inventé par Chrystelle. À la vérité, ce personnage me fascinait tellement qu’il ne pouvait que s’opposer à Antonio. En effet, ils étaient tous les deux terriblement identiques et pourtant terriblement différents. Antonio a toujours considéré Boris comme un digne successeur de ce qu’il était, à l’exception près que Boris était un pacifiste qui honnissait toute forme de violence. Le combat entre ces deux entités ne pouvait par conséquent jamais voir de fin. Mais il le fallait. Antonio avait réellement besoin d’un contrepoids pour le rendre plus intéressant, il avait cruellement besoin d’un contre-pouvoir pour qu’il se rende compte qu’il n’était pas éternel. Ce fut donc au terme d’une nouvelle épique (dans laquelle apparaissaient les prémices de Jack) qu’Antonio fut vaincu définitivement et tomba dans les profondeurs les plus abyssales des enfers. Antonio Vendini avait enfin cessé de vivre, et Boris pouvait désormais vivre heureux et sans craintes.

     

     

     

     

     

    AH OUI, VOUS Y CROYEZ VRAIMENT ?


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