• Review : Lilyhammer - Saison 1

    Lilyhammer est une série américano-norvégienne (un choix surprenant) comique et dramatique, créée par Anne Bjornstad et Eilif Skodvin et produite et diffusée en 2012.

    Qu’est-ce que c’est ?

    Lilyhammer est une série américano-norvégienne (un choix surprenant) comique et dramatique, créée par Anne Bjornstad et Eilif Skodvin et produite et diffusée en 2012. La saison comporte 8 épisodes de 45 minutes chacun, et a été renouvelée pour une deuxième saison, produite et diffusée en 2013, ainsi que pour une troisième saison.

     

    De quoi ça parle ?

    Frank “La Combine” Tagliano, un caïd de la pègre de New-York, survit de peu à une tentative d’assassinat orchestrée par le nouveau parrain, Aldo Delucci. Pour se venger, La Combine témoigne contre Delucci lors d’un procès, et, avec l’aide du Programme des Protection des Témoins, s’enfuit commencer une nouvelle vie en Norvège, dans la petite ville paisible de Lillehammer, pour laquelle il a eu le coup de foudre en regardant les Jeux Olympiques d’hiver de 1994.

     

    Le scénario, c’est solide ?

    Sans faire des miracles, le scénario de Lilyhammer parvient à nous surprendre par sa fraîcheur. Tout au long des 8 épisodes, la série retrace l’arrivée de Tagliano à Lillehammer et la façon dont il crée un nouveau gang, à l’aide des losers du coin. Chaque épisode est centré autour d’une intrigue principale qui finit toujours par être résolue grâce à une ou deux sous-intrigues. Ça ne casse pas des briques, c’est clair, mais ça reste une valeur sûre. Le scénario comporte quelques trous, et les ficelles sont parfois de la taille d’une colonne grecque, mais ça n’en est pas moins plaisant à regarder.

    Lilyhammer étonne par son humour décalé et ses situations absurdes. L’histoire de l’intégration d’un italo-américain conservateur habitué à briser les règles dans un univers progressiste et strict fait naturellement sourire. Pour les plus frenchy d’entre nous, ce n’est pas sans rappeler “Bienvenue chez les Ch’tis” de Dany Boon, film dans lequel un directeur de la Poste vivant dans le Sud de la France est muté dans le Nord Pas de Calais.

    Cependant, là où Lilyhammer réussit plus que “Bienvenue chez les Ch’tis”, c’est qu’elle ne nous peint jamais un tableau paradisiaque de la Norvège. À chaque scène en extérieur, on nous montre un environnement contraignant et presque hostile. Les habitants de Lillehammer auxquels Tagliano est confronté paraissent tous très rigides et formatés, et les seuls auxquels il réussit à “s’attacher” sont en fait les loseurs du coin.

    La série montre également de grosses failles, volontairement caricaturées, du système socio-économique norvégien. Les règles draconiennes présentées briment les personnages à un point tel que leur “fantaisie” s’exprime forcément de façon explosive, voire destructrice. Il n’y a pas de place pour ceux qui ne sont pas conformes au moule, et cela se fait particulièrement ressentir quand on se rend compte que Tagliano est en fait plus honnête que le système lui-même.

    En résumé, cette série se présente comme un plaisir coupable qui n’hésite pas à pointer du doigt les faiblesses de la moralité norvégienne et qui montre que, finalement, la vérité est toujours teintée de mensonges.

     

    Ok, mais quid du jeu d’acteur et des personnages ?

    Côté jeu d’acteur, il ne faut pas s’attendre à de grosses grosses performances. Les acteurs sont convenables et rendent leurs personnages crédibles, mais il n’y a là rien de vraiment transcendant. La plupart se contentent d’être minimalistes et ne conservent souvent qu’une seule expression faciale, mais peut-être s’agit-il là d’un choix artistique afin de donner une personnalité dominante à chaque personnage.

    Le pilier de cette série, c’est bien entendu Steve Van Zandt. Le guitariste du E-Street Band, sans surjouer, s’en donne clairement à cœur joie en campant un éternel bougon grossier et réactionnaire. On pourra lui reprocher, comme dit plus haut, de n’avoir qu’une seule expression, celle du râleur professionnel, mais pour être honnête, on n’en attend pas plus de sa part. Le personnage de Frank Tagliano/Giovanni Henriksen est plutôt jouissif à voir : il n’hésite face à rien pour parvenir à ses fins, il est irrespectueux, violent, rarement poli, souvent sauvage et toujours politiquement incorrect. C’est un salaud parfait mais c’est justement ce qui le rend attachant. À noter toutefois que ce n’est pas le premier rôle de gangster de Steve Van Zandt, car il avait déjà incarné un personnage dans la série Les Soprano. Le costume lui est donc familier.

    Je ne vais pas vous mentir… C’est le seul acteur que je connaisse de cette série ! Ou en tout cas, dans cette saison. Le reste du casting est composé à 99% d’acteurs norvégiens (et je n’exagère en rien : il y a en tout et pour tout 10 acteurs non-norvégiens, dont 8 figurants). Je ne vais donc décemment pas les critiquer sur une performance qui pourrait s’avérer plus faible que celle qu’ils réalisent en temps normal.

    Marian Saastad Ottesen incarne Sigrid Haugli, professeur de langues au service d’immigration, et intérêt amoureux de Tagliano. C’est l’un des quelques personnages choupinets de la série. Marian Saastad Ottesen parvient à jouer sur la naïveté du personnage, totalement inconscient de la vraie personnalité du héros, tout en montrant qu’elle est loin d’être stupide. On sent que Sigrid marche constamment sur des œufs avec Frank, et c’est suffisant pour comprendre que leur histoire finira forcément mal si la série se veut crédible.

    Trond Fausa Aurvaag joue le rôle du “bras droit” par défaut de Frank, Torgeir. C’est indéniablement l’un des personnages les plus funs à voir de toute la série, et l’expression constamment hagarde et perdue de Trond Fausa Aurvaag, façon chien fidèle mais pas très malin, y contribue pour beaucoup. Encore une fois, ce n’est pas une prestation formidable, mais c’est tout ce qu’il faut pour que la série fonctionne. Trond Fausa Aurvaag incarne très bien le loseur fainéant mais néanmoins loyal et admiratif, et nous fait sans arrêt nous demander si sa relation avec Tagliano est purement factice ou s’il y a une petite forme d’amitié naissante derrière.

     

    Anne Krigsvoll et Kyrre Hellum incarnent chacun les agents Laïla Hovland et Geir Tvedt, et font office d’antagonistes pour la première moitié de la saison, des assassins de Delucci prenant le relai par la suite. Ces flics que tout éloigne (l’une est obsédée par la nourriture, l’autre est plus que zélé) fonctionnent bien ensemble car ils sont très clairement motivés par leur désir de faire régner la loi dans la petite ville de Lillehammer. Pour son rôle, Anne Krigsvoll semble s’être bien inspirée du rôle de Frances McDormand dans Fargo, des frères Cohen, sorte de maman bonne pâte mais néanmoins très professionnelle et déterminée, tandis que la performance de Kyrre Hellum n’est pas sans rappeler Mel Gibson dans l’Arme Fatale.

    La plus grosse critique que l’on peut adresser aux personnages, c’est l’absence d’évolution. Il est vrai que 8 épisodes de 45 minutes, ça peut paraître un peu limite pour développer durablement les relations entre les protagonistes, mais c’est tout de même ce qu’il manque. Un peu de temps mort pour permettre de tisser des liens n’aurait pas manqué, et nous aurait laissé l’opportunité de reprendre un peu notre souffle avant de replonger dans l’intrigue. C’est malheureusement un écueil important car, à la fin de la saison, on a l’impression d’avoir fait le tour des personnalités et qu’elles n’ont plus rien à offrir…

    La relation Tagliano/Sigrid, bien que correctement exploitée, car ils ont un enfant ensemble, ne montre jamais une alchimie entre les deux, et c’est dommage, car il se déroule quand même quasiment une année entre le début et la fin de leur idylle. Les scènes de ménage sont souvent maladroites là où elles devraient être humoristiques, et pas toujours compréhensibles pour un public novice de la société norvégienne (dont je fais partie, je le revendique haut et fort !).

     

    Et côté musique ?

    Les musiques sont un peu paresseuses. Aucun thème ne ressort ni ne marque l’esprit, même si l’on fait facilement la distinction entre les “musiques joyeuses” et les ”musiques moins joyeuses”. Elles interviennent surtout pour souligner un moment comique ou révélateur.

    À quelques occasions, de vrais musiciens apparaissent dans le show, comme la chanteuse Ingrid Olava, et Steve Van Zandt lui-même nous fait le plaisir d’entendre sa propre voix de ténor (et là on comprend pourquoi c’est Bruce Springsteen le chanteur du E-Street Band…).

    Cependant, d’après l’aveu de Van Zandt lui-même, qui est impliqué dans à peu près toutes les étapes du processus de création du show, le budget alloué à la musique était quasiment inexistant, et il a passé lui-même plusieurs mois dans son studio pour préparer une bande-son exclusive à la série. Il affirme quand même que le budget musique sera plus conséquent pour la saison 2. Affaire à suivre, donc…

     

    Au final, qu’est-ce que ça donne ?

    Lilyhammer se présente comme un moment de détente sans prise de tête. Son objectif principal n’est ni de dénoncer une situation complexe et injuste, ni d’abrutir le public, mais seulement de divertir, et c’est en ça que cette série est une réussite.

    Bien entendu, son ambition ne va pas au-delà. Ce n’est pas une série indispensable, loin de là, mais elle est accessible pour un public plutôt large, sans de réelles effusions de violence. Elle s’ouvre à des spectateurs qui ne sont pas nécessairement fans du genre “film de gangsters”, tout en satisfaisant les chantres des Soprano.

    En résumé, Lilyhammer se veut agréable et sympathique à voir. En la regardant, vous savez que ce n’est pas du grand art, mais vous aurez passé 45 minutes de plaisir simple et bon-enfant !

     

    Verdict :

       

    BON

    Et vous, que pensez-vous de cette série ? L'avez trouvée excellente / bonne / bof / horrible ? Faites-moi savoir dans les commentaires ci-dessous !


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 14 Mai 2014 à 15:16

    C'est vraiment super pour une première critique ! Tu as fait le tour de tout tout en restant "pro"

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