-
Par Antonio Vendini le 1 Juillet 2016 à 19:48
Antonio Vendini, 31 ans, criminel ambitieux, ouvrit la porte de secours d’un puissant coup de pied, et poursuivit sa course effrénée jusqu’à atteindre le rebord du toit de l’immeuble. Il évalua sommairement l’espace qui le séparait du bâtiment d’en face, et jugea qu’avec un peu d’élan, il pouvait le rejoindre d’un bond.
Il recula, recula, recula encore, et s’élança. À grandes enjambées, il traversa le toit, prit appui sur le muret, et sauta par-dessus le vide.
Le gangster atterrit de justesse sur le parapet qu’il visait, mais trébucha et finit sa cascade en roulé-boulé.
Il se releva et grimaça. Son costume blanc était noirci par la poussière, ses manches et son pantalon étaient éraflés par endroits et déchirés à d’autres, et son genou droit était ensanglanté.
— Zut…
— Il est là ! beugla une voix.
Vendini fit volteface. Sur l’autre toit, deux Latinos le pointaient du doigt et avertissaient leurs camarades de sa présence, après quoi ils dégainèrent une arme chacun et commencèrent à lui tirer dessus.
Antonio reprit sa fuite. Il traversa le toit aussi vite que sa légère blessure le lui permettait, clopinant tel un chien apeuré. Il posa la main sur le poignée de la porte de secours, par laquelle il comptait s’enfuir, quand une détonation retentit et un projectile fusa dans le mur juste à côté de lui, arrosant d’une gerbe de ciment moulu sa veste déjà copieusement abîmée.
Le criminel stoppa net.
— Tourne-toi, Vendini. Lentement.
Il s’exécuta. Les Latinos lui faisaient face, et ils étaient sept, désormais. Il pesta qu’ils l’avaient trop vite rattrapé. Machinalement, il porta la main à son holster, mais un geste de celui qui avait tiré l’en dissuada.
L’homme qui le menaçait faisait à peu près sa taille et sa corpulence, cependant leurs ressemblances s’arrêtaient là. Vendini était rasé de frais, avait des cheveux courts coiffés en arrière, des yeux d’un bleu clair, des traits généralement fins, et portait un costume trois-pièces taillé sur mesure. L’autre disposait d’une barbe drue, de cheveux frisés noirs indisciplinés, des yeux sombres, des traits généralement bruts, et portait un t-shirt et une chemise sales tirés à la va-vite dans son pantalon.
— Carlos ! s’exclama Antonio. Justement, je pensais à toi, tiens ! Je…
— Les mains en l’air, Vendini.
— Je…
— Les mains en l’air !
À nouveau, il s’exécuta.
— Bien. Maintenant, dis-moi pourquoi nous sommes réunis ici, en cette fin de journée de mai.
— Parce que nous sommes ce qu’on pourrait qualifier de distantes connaissances ?
— Parce que tu es un idiot mal élevé. Répète.
— Hein, quoi ? Ça n’a pas de s…
— Répète.
— … Parce que je suis un idiot mal élevé.
— Bien. Nous sommes réunis ici, en cette fin de journée de mai, parce que tu es un idiot mal élevé. D’abord, tu me vends des armes bidons.
— Qui, moi ?
— À cause de toi, j’ai perdu trois mecs dans un hold-up. Ensuite, ça a été de l’alcool frelaté. À nouveau, trois morts. Et pour finir, pour finir… la cerise sur le gâteau…
Vendini tâcha de se remémorer rapidement ce qu’il avait bien pu faire de si atroce pour que Carlos Delrio lui en veuille à ce point. Rien ne lui vint à l’esprit.
— Tu insultes ma petite amie.
C’était inattendu. Mais maintenant qu’il y pensait, c’était juste après ce petit incident que les sbires de Delrio avaient commencé à le courser.
— Tu insultes ma petite amie, répéta Carlos, devant moi, devant mes amis, comme si de rien n’était.
— Pour être tout à fait honnête, qualifier une prostituée de pute n’est pas tellement déplacé…
Delrio frappa Antonio d’un revers de gifle.
— C’est une profession respectable ! Qui mériterait d’être reconnue et soutenue par le gouvernement ! Cabrón !
Il se tut un instant, puis donna un coup de poing dans le ventre de Vendini, qui se plia en deux et tomba à genoux. Il reprit :
— Pourquoi tu me fais tout ça, Vendini ? Honnêtement. En toute amitié. Dis-le-moi sincèrement. Qu’ai-je donc fait pour mériter un tel châtiment ?
Le criminel ambitieux inspira profondément avant de répondre avec aplomb :
— Parce que je ne t’aime pas.
Il ponctua d’un sourire enfantin.
— C’est bête, hein… mais je t’aime pas. Je peux pas te blairer. Mais carrément pas. Alors je trouve sans arrêt de nouveaux prétextes pour t’emmerder. Je t’en remercie d’ailleurs, car tu es une source inépuisable d’inspiration. Il me suffit de te regarder pour imaginer au moins trois façons de te faire chier. Tiens, là, de suite, par exemple, je…
Carlos poussa un soupir las. Il se détourna, s’approcha de l’un de ses hommes, qui lui donna un objet brillant, et revint vers Vendini.
L’objet brillant s’avéra être une machette.
— Wowowo, attends une seconde, Carlos. Tu vas faire quoi avec ça ?
— Tu m’as insulté et tu as insulté ma nana en public. Je peux pas laisser passer ça.
— Attends attends attends, tu vas me couper un doigt pour ça ?
— C’est pas le doigt que je vais te couper. C’est la tête.
Antonio déglutit bruyamment.
— Je suis sûr qu’on peut trouver une solution !
— La solution est toute trouvée.
— Et elle ne me convient vraiment, mais alors vraiment pas !
Le criminel ambitieux tressaillit. C’était impossible qu’il mourût d’une manière si atroce, d’autant que le matin, il n’avait utilisé que quatre cotons-tiges pour se laver les oreilles, ce qui, d’après son échelle de valeur, était la prémonition d’une bonne journée. Et, toujours d’après son échelle de valeur, une bonne journée ne pouvait pas s’achever par une décapitation malvenue.
Carlos leva la machette dans les airs.
Une voix féminine l’interrompit dans son geste :
— HÉ, L’AFFREUX !
Tous tournèrent la tête. Le cri provenait du toit où la poursuite avait commencé. Deux femmes se tenaient au bord. La première était une caucasienne aux cheveux blonds mi-longs et bouclés, qui tenait dans le creux de son coude le cou de la deuxième, qui avait la peau tannée, était coiffée à la garçonne, et arborait une tenue des plus provocantes. Vendini reconnut celle de gauche comme étant Martha, sa loyale lieutenante et dure à cuire en chef, et l’autre comme étant la petite copine de Carlos Delrio qu’il avait “insultée” un peu plus tôt. Martha avait dû finir par s’inquiéter de son absence, et il remercia une nouvelle fois le ciel que la jeune femme fût des plus prévoyantes.
— Dixie ! s’écria Carlos en apercevant sa douce. Relâche-la immédiatement !
Martha répliqua quelque chose, car Vendini pouvait voir sa bouche s’ouvrir et se fermer, mais ses mots se perdirent dans le vent. Carlos fronça les sourcils.
— Quoi ?
Martha continua à parler, sans que quiconque ne comprenne ce qu’elle dise. Carlos s’adressa à Antonio :
— … qu’est-ce qu’elle dit ?
— Aucune idée.
Apparemment lassée, Martha décida de changer de tactique. Elle relâcha sa prise sur Dixie, et, purement et simplement, la jeta dans le vide. La jeune femme disparut dans un cri de terreur. Aussitôt, Carlos et ses hommes se précipitèrent au rebord et se penchèrent. Dixie, horrifiée, s’accrochait fermement à l’échelle de secours, suspendue dans les airs.
Il n’en fallut pas plus à Antonio. Profitant de la discorde, il se leva discrètement et prit la poudre d’escampette par la porte.
Il dévala les étages à toute allure, et ne s’arrêta qu’une fois qu’il fût dans la rue, et il fut par ailleurs surpris que Martha s’y trouvât déjà.
— Félicitations, le réprimanda-t-elle. Encore un plan brillant mis à exécution de façon magistrale.
— Eh, je suis vivant ou je suis pas vivant ?
— Eh, avec moi ou sans moi ?
Antonio se tut.
— Bien, reprit Martha. On ferait mieux d’y aller, ils vont finir par se mettre à nos trousses.
Le duo trotta sur quelques mètres et s’engagea dans une ruelle obscure, jusqu’à être définitivement hors de portée de la fureur de Carlos Delrio. Une fois que Martha les eût jugés en sécurité, elle serra les mains de son patron dans les siennes. Sur l’instant, Antonio fut pris au dépourvu et ne sut comment réagir.
— Ma… Martha, bégaya-t-il.
— Il faut que je vous dise quelque chose d’important.
Son corps battait à toute allure.
— Qu… qu’est-ce qu’il y a ?
La jeune femme pressa ses doigts. Elle fuyait son regard.
— Je… Je… Vous devez savoir que…
— Vous pouvez tout me d…
— On nous a volé 200'000 dollars.
— QUOI ?! Je le savais ! À chaque fois que vous me tenez les mains comme ça, c’est pour m’annoncer une mauvaise nouv…
— Et 1 penny.
— QUOI ?!
votre commentaire -
Par Antonio Vendini le 7 Juillet 2016 à 19:56
L’inspectrice Calvin entra dans le restaurant vietnamien. Il était tard. Le personnel n’était constitué plus que d’un barman au comptoir, d’un serveur à moitié endormi, et d’un cuisinier qui était en train de fermer sa cuisine. En clientèle, il ne restait plus qu’un couple, assis à une table en plein milieu de la salle, et un homme seul avachi sur une table dans un coin mal éclairé. Ce fut dans sa direction que Calvin marcha.
Elle tira la chaise et prit place face à lui.
— Calvin ! sursauta-t-il avant de poursuivre à voix basse, je ne pensais pas que vous viendriez.
— Je suis là, Chad. Qu’est-ce que t’as pour moi ?
Chad n’étais pas vraiment d’une stature frêle, mais Calvin était d’une taille et d’une musculature si imposantes, pour une femme d’origine asiatique, que mis à côté d’elle, il ressemblait à un enfant.
Elle se pencha en avant et s’appuya sur un coude. Il recula instinctivement. Elle remarqua le crucifix qui pendait au cou du jeune homme.
— J’ignorais que tu étais croyant.
Chad ne répondit pas.
— Eh bien, j’attends. Qu’est-ce que tu me veux ?
Chad jeta un regard méfiant aux alentours, comme si des yeux et des oreilles allaient apparaître sur les murs qui les entouraient. Bien qu’il s’estimât en sécurité ici (le restaurant appartenait à un ami de son cousin, et le barman était un ancien collègue de travail), il ne pouvait s’empêcher de faire preuve de prudence.
Calvin soupira.
— Voilà ce qu’il va se passer, Chad. Dans dix secondes, je saurai ce que tu me veux. Si onze secondes s’écoulent, je pars, et tu restes seul à te noyer dans ta propre m…
— Je veux témoigner.
Ces trois mots consternèrent Calvin. Ses lèvres étonnées formèrent un o parfait.
— Tu veux… témoigner ? répéta-t-elle, confuse.
— Oui. Après ce qu’il s’est passé tout à l’heure… je veux sortir de ce système. C’est devenu beaucoup trop dangereux pour moi.
Calvin plissa les yeux et scruta le visage de Chad. Ce dernier était livide, fantomatique. Ce qu’il avait vu plus tôt l’avait sans aucun doute traumatisé. Jusqu’à présent, Chad était un indic banal, qui donnait toujours moins d’informations qu’il aurait dû en échange de beaucoup trop de faveurs.
Mais ce soir… ce soir, la donne allait changer.
L’inspectrice sortit son smartphone et le mit en mode enregistrement.
— Raconte-moi tout.
* * *
Chad se tenait en retrait. Sa tâche était simple : pendant la conclusion du marché, tout ce qu’il avait à faire était de croiser les bras et d’avoir l’air méchant. Rien de bien exigeant, en somme, mais cela ne le dérangeait pas car il préférait que tout soit calé et organisé plutôt que d’avoir à improviser. D’autant que le rôle de la brute sans cervelle lui convenait à merveille. Avec son débardeur élimé, ses tatouages qui soulignaient la fermeté de ses muscles et son pantalon déchiré. Son visage de racaille des bas-quartiers était même un atout de premier choix pour se faire recruter par un employeur hésitant. Ce visage de gros dur, c’était son CV. Ce visage de gros dur, il l’avait travaillé. Piercings, cicatrices, nez cassé, barbe inégale, tout était soigneusement calculé et étudié.
D’un œil torve, il observait attentivement la scène qui se déroulait dans une cour à l’arrière d’une boutique d’antiquités, à l’abri des regards indiscrets. Ses amis Miguel, Rochelle, Lou et Catalina avaient monté un petit business de faux-monnayage très lucratif. Profitant de la crise, ils vendaient leurs billets contrefaits à des gens désespérés. En échange d’un vrai dollar, les brigands en cédaient dix faux. Une véritable mine d’or. Bien entendu, ils devaient une part de leur recette à Jacob Valverde, le seul et unique grand patron du crime de la ville, mais il s’agissait plus d’une preuve de soumission que d’une lourde taxe.
Miguel, le chef du quintet, adressait régulièrement des regards inquiets à Chad, qui lui répondait par un hochement de tête serein qu’il n’y avait rien à craindre. Par trois fois, déjà, ces derniers temps, la police était parvenue à interrompre leurs transactions. Comment elle faisait pour les traquer restait un mystère complet. Aucun des cinq amis ne pouvait être une taupe, ils se connaissaient par cœur et se faisaient aveuglément confiance. Cette naïveté était aussi touchante que déplacée, car il y avait effectivement un traître parmi eux, et ce n’était nul autre que leur vigie, Chad lui-même.
Un jour, Chad avait fini entre les mains de la police. Et pas n’importe quelles mains : celles de l’inspectrice Calvin. Calvin était une agente revêche, implacable et, Chad l’avait appris à ses dépens, violente. Elle incarnait la force dans la force de l’ordre. Les idéaux qui l’animaient lors de son entrée en service s’étaient désagrégés au fil des années et de son combat incessant contre le crime organisé de Jacob Valverde. Désormais, pour l’abattre, elle avait adopté les armes de son adversaire, à savoir la terreur et corruption. En l’espace d’une séance d’interrogation mouvementée, Chad était devenu un indicateur.
Cependant, aujourd’hui, une intervention policière n’était pas prévue. Ses amis étant un peu trop sur leurs gardes, une tentative d’arrestation aurait risqué de l’exposer à leurs yeux comme le félon qu’il était.
Une poignée de mains entre Rochelle et le client et un échange de mallettes scellèrent le contrat. Rochelle avait poursuivi des études dans une école de commerce et était donc toute désignée pour mener les négociations, contrairement à ses camarades.
Elle s’approcha de Lou et lui confia la valise.
— Vérifie qu’on se fait pas avoir par notre propre came.
Lou tenait à bout de bras une boîte imposante. Il la posa sur un muret et l’ouvrit. Elle contenait une compteuse de billets. Lou l’avait dérobée dans une station-service pour se venger d’un premier emploi qui s’était mal passé.
En seulement quelques secondes, il passa les liasses de 10 dollars à la machine et les rangea dans la mallette, validant leur fiabilité d’un hochement de tête.
— Parfait, conclut Miguel. Allons-y al…
Il fut interrompu par l’inquiétant retentissement d’une sirène de police. Chad tressaillit.
— Merde, grommela Catalina. Vite, on s’taille !
Ils déguerpirent en une seconde. Lou n’eut pas le temps de ranger la compteuse. Dans sa précipitation, il la fit tomber par terre, et éparpilla un bon quart du paiement qu’ils avaient reçu.
En pleine course, l’esprit de Chad était assailli de questions et de doutes. Comment la police les avait-elle trouvés ? Qui avait vendu la mèche ? Y avait-il un autre indic dans la bande ?
* * *
— Te fous pas de moi, Chad, intervint Calvin. Commence pas à m’accuser. T’étais prévenu. Sans info de ta part, je vous traquerais et je mettrais fin à votre petite entreprise. T’as pas joué le jeu ? Voilà le résultat.
— Tout est de votre faute !
Il se surprit à avoir haussé le ton. Le couple se retourna et le dévisagea. Calvin fronça les sourcils et le fixa de son regard le plus noir.
— Ma faute ? répéta-t-elle d’un ton sec. T’as 25 ans, petit con. Pendant tout ce temps, tu pouvais choisir de respecter la loi, de vivre en citoyen normal, mais t’as préféré fréquenter des voyous. Si tu en es là, c’est par ta propre main, connard.
Chad ne répondit pas. Il n’était pas ici pour discuter de ses choix de vie avec une femme qui avait manifestement eu une existence facile. Tout de même, il ne pouvait s’empêcher de penser que l’inspectrice zélée avait sa part (importante) de responsabilité dans la suite des évènements.
* * *
Par un miraculeux cocktail de chance et d’intrépidité, et surtout grâce aux connaissances parfaites de Catalina concernant l’aménagement urbain, le groupe parvint néanmoins à semer ses poursuivants et à se rendre à sa cachette, un petit appartement loué sous une fausse identité par Miguel, qui avait menacé le propriétaire de le dénoncer aux autorités pour proxénétisme s’il ne les logeait en paix. La raison pour laquelle un proxénète violent avait cédé au chantage était que Miguel avait un temps travaillé comme clerc dans un cabinet d’avocats, et qu’il avait par conséquent des contacts bien placés.
* * *
— Ça, tu t’étais bien gardé de me le dire, saligaud.
— Ça n’a plus d’importance, maintenant.
* * *
Rochelle arracha la mallette des mains de Lou, la posa sur la commode et l’ouvrit pour vérifier le contenu.
— Putain… Fait chier, putain.
— Ça devient de plus en plus chaud, commenta Catalina. Déjà, tous nos clients se font choper, et maintenant, c’est nous qui nous sont presque fait gauler.
— Sommes, corrigea Chad, placide.
— Ta gueule, Chad, on s’en branle de l’orthographe. On a plus urgent, là.
Chad se tut. La simple présence de la police dans les parages mettait toujours Catalina sous tension. Elle avait jadis été une adepte du parkour, un espoir du 100 mètres, ainsi qu’une partisane d’extrême gauche. Un jour, lors d’une manifestation, la police anti-émeute avait chargé. Catalina fut abandonnée par ses compagnons et reçut un violent coup à la cuisse, mettant ainsi un terme à son amour pour les grandes causes et à sa passion. De cet épisode, elle avait conservé une petite claudication imperceptible qui lui rappelait désormais que, quand la situation dégénérait, il fallait fuir.
— Calme-toi, tempéra Miguel. Il n’y est pour rien. C’est la faute à pas de chance.
— Pas de chance ? Non, je te dis, c’est qu’on s’est fait repérer. Il faut qu’on se barre, qu’on quitte la ville.
— Qu’on… qu’on quitte la ville ? bégaya Lou. Pour faire quoi, pour aller où ?
— Je sais pas, la même chose, mais ailleurs ! Loin de cette ville pourrie, en tout cas. Dans un endroit où on pourra pas nous reconnaître et où on pourra vivre en paix.
— C’est que…
— C’est que quoi ? Ouvre les yeux, Lou. Qu’est-ce qui te retient, ici ?
— C’est qu’on doit de l’argent à Monsieur Valverde, et…
— JE L’EMMERDE, VALVERDE ! rugit Catalina.
Le silence se fit. Les quatre autres échangèrent un regard interdit. Ce fut finalement Rochelle qui reprit la parole :
— Écoute, Cati. On ne peut pas partir comme ça.
— Ah oui ? Vous avez une famille, peut-être ? Des gens qui tiennent à vous ?
Tous secouèrent la tête. C’était certainement l’un de leurs deux seuls véritables points communs.
Après avoir raté son diplôme, Rochelle avait quitté le domicile familial pour monter un magasin de cigarettes électroniques. Les banques n’avaient pas été aussi enthousiasmées par le projet que ce qu’elle aurait cru. Elle avait dû se tourner vers la seule personne qui avait suffisamment de fonds pour l’aider : le parrain du crime Jacob Valverde. L’entreprise coula à pic deux mois à peine après avoir accueilli son premier client.
Les parents de Lou étaient divorcés. Son père vivait au Kansas, où il s’était remarié. Sa mère, s’était remariée d’abord, puis était partie vivre en Oregon. Sans ancrage, Lou avait enchaîné les petits boulots, maintenant la tête hors de l’eau avec difficulté. Pour tenter de rembourser ses dettes, il avait commencé à jouer. Finalement, pour tenter de rembourser les dettes de jeu, il avait commencé à emprunter auprès de la seule personne qui avait suffisamment de fonds pour de l’aider : le parrain du crime Jacob Valverde.
Miguel était peut-être le cas le plus à part. Il provenait d’un milieu aussi aisé qu’aimant. Son père et sa mère sacrifiaient une bonne majorité de leurs revenus. Il avait travaillé dans un grand cabinet d’avocats et n’était de toute évidence pas destiné à une vie d’arnaques et de petits larcins. La donne changea quand sa mère fut atteinte d’un cancer. Miguel s’adressa alors vers la seule personne qui avait suffisamment de fonds pour l’aider : son père. Son père, en revanche, était enlisé dans un procès avec une femme qui l’avait accusé de viol. Pour sauver sa femme et sa réputation, il n’eut d’autre choix que de se mettre à genoux devant la seule personne qui avait suffisamment de fonds pour l’aider : le parrain du crime Jacob Valverde. En fin de compte, la mère de Miguel décéda quand même, son père disparut dans la nature pour éviter de rembourser son créancier.
— J’ai bien un cousin, avoua Chad. Mais on n’a jamais été très proches. Lui et un ancien collègue de travail. Je pense pas que je leur manquerai, si je pars.
— Merci, Chad ! Vous voyez, à nous cinq, on s’en sort parfaitement ! On a besoin de personne d’autre ! On prend le magot, ce qui nous reste d’économies, et on. Se. Tire. Sans regarder derrière nous.
— Il faut tout de même qu’on aille porter sa part à Valverde, rétorqua Lou.
— Oh putain, Lou, mais tu me pètes les couilles !
— Il a raison, tempéra de nouveau Miguel. On ne peut pas partir comme ça sans au moins lui filer ce qu’on lui doit. C’est sous sa protection qu’on opère, et…
— Sa protection ! Ha ! Sa protection ! Message spécial : on a failli se faire choper par les flics ! Ah c’est sûr, on était carrément protégés !
— Quand bien même, on n’aurait sûrement rien eu, grâce à mes contacts.
— Tes contacts… Tu les connais pas, les flics de Gradene. Moi, je les connais. Surtout une, que j’ai déjà vu, une méchante. Elle, c’est la plus violente, c’est la plus dangereuse. Elle a une tête d’asiat’, mais elle mesure facile deux mètres de haut.
* * *
— Je ne fais qu’un mètre quatre-vingt-cinq, grommela Calvin.
— Ça n’a plus d’importance, maintenant.
* * *
— On n’a qu’à voter, proposa Rochelle. Qui veut partir ?
Catalina et Chad levèrent la main.
— Et qui veut rester ?
Rochelle et Miguel levèrent la main. Leur regard à tous se tourna en direction de Lou, qui était assis à califourchon sur une chaise, perdu dans ses pensées.
— Lou ?
— Mmh ?
— Eh ben alors ? Tu veux partir ou tu veux rester ?
— Pourquoi on ferait pas chacun comme on voudrait ?
— S’il n’y en a ne serait-ce qu’un qui reste, Valverde l’utilisera pour retrouver la trace des autres et leur faire la peau, argumenta Catalina. C’est soit tout le monde, soit personne.
— Attends, fit Miguel, tu peux pas dire ç…
— Bon ben je vote pour qu’on part.
— Parte, corrigea Chad.
— Ta gueule, Chad, persiffla Catalina.
Néanmoins, le sort en était jeté. À trois voix contre deux, le groupe allait devoir faire ses valises et quitter la ville.
— Soit, soupira Miguel. J’imagine que nous n’avons pas le choix. Séparons-nous, préparons nos affaires, et retrouvons-nous à 20 heures au Groovy Buddha. On boira un dernier verre et on prendra la route.
— On fait quoi pour Valverde ? s’enquit Lou.
— T’as voté pour qu’on se casse et c’est toi qui demandes ? J’en sais foutrement rien de ce qu’on fait pour Valverde.
— On s’casse, c’est tout, gronda Catalina. Valverde s’emmerdera pas avec nous. On est des moins-que-riens, pour lui. Vu le pourcentage que lui rapportent nos transactions, il gagnera au change. Ce soir, 20 heures, au Groovy Buddha.
* * *
Le couple avait payé et était parti. Le cuisinier avait fermé la cuisine et était parti. Le serveur avait rendu son tablier et était parti.
Le barman servit un shot d’absinthe à Chad et Calvin.
— Sur le compte de la maison. Je fermerai quand tu auras fini, Chad, signala-t-il.
— Ok, merci, Francky, t’es un pote.
— Me remercie pas, murmura le barman, la gorge nouée, en détournant les yeux.
Il retourna derrière son comptoir, à finir de nettoyer ses verres.
— Il est minuit passé, dit Calvin. Tu es toujours là. J’en déduis que votre plan n’a pas marché comme prévu.
— C’est le moins qu’on puisse dire, rétorqua Chad en avalant successivement le contenu de son verre, puis celui de Calvin.
* * *
Il était 20 heures et le Groovy Buddha était vide. Ce bar n’était déjà pas beaucoup fréquenté en temps normal, alors cela n’étonna pas Chad outre mesure. Il entra dans le zinc. Miguel et Catalina étaient déjà présents et se disputaient une partie de billard. La serveuse l’accueillit avec un grand sourire.
— Salut, chaton. Je te sers quelque chose ?
— Une bière, Sandra, merci.
Sandra lui décocha un sourire encore plus grand, révélant ses petites dents blanches.
— Tout de suite, mon chat.
Chad n’avait jamais compris cette manie que la jeune femme avait de surnommer “mon chat” ou “chaton” tous les gens qu’elle rencontrait. Et c’était sans compter son flirt quasi-incessant, alors que Chad avait plusieurs fois clarifié qu’il préférait les hommes. Il avait fini par supposer que c’était la manière dont la serveuse exprimait sa nature festive. Sandra se détourna et se rendit dans les cuisines
Il rejoignit Miguel et Catalina, qui avaient déjà consommé pas moins de trois bières chacun. Leurs bagages étaient empilés au fond de la pièce.
— Vous êtes prêts ? demanda Chad.
— Plus prête que prête, dit Catalina. Et toi ? Tu n’as pas d’affaires avec toi ?
— Si, dans ma bagnole.
— C’est quoi, ça ? Je l’avais jamais vu.
Elle pointa du doigt le minuscule pendentif en forme de crucifix qui reposait juste sous la gorge de Chad.
— C’est un crucifix, répondit Miguel en posant sa queue de billard contre le mur.
— Je sais que c’est un crucifix, connard. Je demande parce que je t’ai jamais vu en porter un, Chad. Je savais pas que t’étais croyant.
— Mes parents le sont. Beaucoup trop, même, ajouta-t-il avec une pointe de regret dans sa voix. Mais pour ce soir, je me dis que la foi sera pas de trop pour qu’on parvienne à se tailler.
— Je te savais pas superstitieux non plus, rit Catalina.
— Je suis le premier surpris.
La porte s’ouvrit et Rochelle et Lou apparurent.
— Ah ! s’exclama Miguel. Super, on peut commencer ! Sandra !
Sandra passa sa tête par l’encadrement de la porte de la cuisine.
— Sors-nous tout ce que t’as !
— Je vais avoir besoin d’un peu d’aide, sourit la serveuse. Chad, chaton, tu viens m’aider, s’il te plait ?
Chad leva les yeux au ciel.
— J’arrive, soupira-t-il. Je viens, je viens…
Il se mut d’un pas lancinant, jusqu’à elle, et la suivit dans la cuisine. Chad se demanda ce qu’elle allait bien pouvoir encore inventer comme prétexte pour pouvoir le coincer et le draguer. Au lieu de cela, elle lui donna une lourde caisse en plastique remplie de bouteilles dans les bras.
— Tiens, chaton, va porter ça à tes amis. Dis-leur que le reste arrive.
Chad haussa les épaules, et, nonchalamment, s’exécuta. Il revint dans la salle principale et déposa la caisse sur le comptoir, ce qui suscita des cris d’allégresse de la part de ses camarades.
Cris qui cessèrent quand la porte du bar s’ouvrit de nouveau. Un inconnu entra. Sa stature gigantesque et massive indiquait qu’il était probablement originaire d’un pays nordique. Il portait un long pardessus noir. Son visage buriné était véritablement effrayant, comme si l’inconnu était passé par les sept cercles de l’Enfer avant d’échouer dans ce lieu de perdition.
— Bonsoir.
Sa voix était puissante, grave. Chad la sentit résonner dans ses tripes, mais il ignorait si c’était vraiment le timbre de l’inconnu ou si c’était la peur qui le tenaillait.
— Sieg… Siegfried, bégaya Miguel.
— Bonsoir, Michael.
Le dénommé Siegfried ferma la porte à double tour et, de son pas lourd, se dirigea vers le comptoir et s’empara d’une bouteille au hasard. Par pur instinct, Chad recula jusqu’au niveau de la porte de la cuisine.
— Vous fêtez quelque chose, les jeunes ? demanda-t-il.
— T’es qui, toi ? le questionna Catalina.
— Michael ne vous a pas parlé de moi. À en juger par l’odeur de son froc, j’imagine que je ne peux l’en blâmer. Je me nomme Siegfried Nilsson. Je représente les intérêts de Jacob Valverde.
Chad comprit que si Miguel connaissait ce Siegfried, c’était tout simplement parce qu’il était le seul à avoir traité régulièrement avec Valverde. C’était toujours lui qui lui apportait personnellement le pourcentage de leurs transactions.
— Aujourd’hui, Michael devait amener le montant de ses recettes à Jacob Valverde, poursuivit Nilsson. Il ne l’a pas fait. Jacob est… attristé de voir que vous traitez ainsi l’amitié qu’il vous porte. Il se sent insulté.
Féroce, Catalina s’approcha de Siegfried. Lou et Rochelle tentèrent de la retenir mais elle se dégagea et posa son doigt sous le nez du géant.
— Écoute-moi bien, fils de pute. Tu sais quoi ? On se casse d’ici, nous. Il aura plus jamais notre fric. Alors tu peux aller le lui dire, à ton patron de merde. T’as compris, connard ? Tu vas lui dire que son argent, il peut se le foutre au cul, et bien profond avec ça.
Siegfried lui adressa un regard des plus étranges, mêlé de confusion et de mélancolie. Puis il prit Catalina par la nuque et lui écrasa la tête contre le comptoir. Un craquement horrible retentit. Du sang gicla. Catalina s’affaissa par terre et ne se releva pas. Son visage avait été éclaté si fort qu’il n’était même plus reconnaissable. En lieu et place d’une figure, il y avait une bouillie dégoulinante et sanguinolente.
— Putain ! s’écria Lou. Putain de merde !
À une vitesse incroyable pour sa corpulence, Siegfried se jeta sur Miguel, l’empoigna par le col de sa seule main gauche, l’éleva bien au-dessus du sol, et lui administra un crochet du droit dans la tête. Le cou de Miguel se tordit dans un angle révulsant. Siegfried le laissa tomber et s’attaqua à Lou. Il l’attrapa par l’oreille et le frappa par trois fois en plein dans le plexus. À chaque coup que portait le géant nordique se faisaient entendre des craquements sinistres.
Rochelle se précipita sur la porte d’entrée pour s’enfuir. Siegfried n’eut aucun mal à la rattraper. Il l’agrippa par les cheveux, et la traîna avec lui alors qu’elle poussait un atroce hurlement de douleur. Il la prit, la souleva sans peine, et l’encastra dans la table de billard, qui se disloqua sous l’impact. Les bris de bois, de fer et de plastique voletèrent en une gerbe aveuglante.
Tétanisé par la terreur, Chad demeurait dans l’encadrement de la porte de la cuisine, à observer la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il fallut que la main de Sandra se posât sur son épaule et le tirât en arrière.
— File d’ici ! souffla-t-elle. Va-t’en ! Il va te tuer !
Il ne l’écoutait pas. Il entendait seulement les battoirs de Siegfried s’abattre impitoyablement sur le corps de Rochelle.
— Fuis !
Sandra le poussa vers la porte de secours.
— Pars d’ici !
La sombre silhouette de Siegfried parut.
— Vas-y ! Va-t’en !
L’instinct de survie de Chad finit par se mettre en route, et le jeune homme détala comme un lapin.
* * *
Calvin resta silencieuse un moment, enfoncée dans sa chaise, les bras et les jambes croisés. Elle finit par couper l’enregistrement de son téléphone.
— C’est parfait, conclut-elle.
L’oreille de Chad se dressa.
— Parfait ? Mes amis sont morts !
— C’est regrettable… mais grâce à toi, nous pourrons leur rendre justice. Dès maintenant, tu m’accompagnes au poste, et j’enregistrerai ta déclaration.
— Je suis un homme mort, Calvin.
— On va contacter les fédéraux, tu bénéficieras du programme de protection.
Chad serra entre son pouce et son index la croix pendue à son cou.
— En quoi ça me protégera ?
— Nouveau nom, nouvelle identité, nouvelle vie. Si nous faisons tomber Siegfried, Valverde sera affaibli. Ce qui est arrivé à tes amis est tragique, mais regarde ce que ça aura permis. Nous allons libérer cette ville du crime qui la contamine depuis trop longtemps. Je…
Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une détonation assourdissante retentit. Calvin se jeta sur le côté par réflexe, mais ne parvint pas à se relever. Tout tanguait autour d’elle. La détonation l’avait complètement désorientée. Elle avait l’impression que ses tympans étaient déchirés.
En se forçant un peu, elle aperçut que Chad était lui aussi étendu par terre. Il lui manquait une partie du visage. Le reste était éclaboussé de rouge.
Dans un effort inhumain, Calvin parvint à se redresser de moitié. Le barman tenait un revolver dans sa main tremblotante. Des larmes coulaient sur ses joues et de la morve sur ses lèvres. Il contemplait le cadavre.
— Je… je suis dé… je suis désolé, Chad, bégaya-t-il.
— Qu’est-ce que vous avez fait ?
— Je… Je n’avais pas le choix.
Calvin s’appuya sur la chaise. Elle réprima avec peine une furieuse envie de vomir, tant à cause du spectacle horrifique que de sa désorientation.
— Je n’avais pas le choix. C’était le seul moyen.
— Le… le seul moyen… ?
— Trop… trop de dettes. Ma femme. Mes filles. C’était le seul moyen. Valverde l’a dit. Elles seront à l’abri du besoin, maintenant. Valverde l’a promis.
— Lâchez… Lâchez cette arme. Doucem… ment.
Le barman s’essuya le visage d’un revers de la manche, et tourna enfin les yeux en direction de l’inspectrice.
— Je suis désolé pour la paperasse, madame.
Il enfourna le canon du révolver dans sa propre bouche.
— Attendez, non !
Calvin se couvrit les oreilles. Le barman pressa la détente. L’inspectrice vit seulement des éclats de chair et d’os s’envoler alors que le corps chutait.
Elle ne put plus se retenir et vomit absolument tout ce qu’elle avait mangé dans la journée. Épuisée et dégoûtée, elle tomba sur les genoux.
— Un bien triste spectacle, fit une voix grave.
Calvin releva la tête.
Il était là, debout, devant elle. Vêtu de son pardessus noir. Gigantesque. Le visage effrayant. Une grimace diabolique en guise de rictus vainqueur. Siegfried Nilsson.
— Poussé par le désespoir, un barman tue un client et se suicide. Impuissante, la contractuelle ne put qu’assister au drame.
Poussant un feulement animal, Calvin se jeta sur le géant et visa sa mâchoire. Son poing partit. La main de Siegfried l’intercepta sans difficulté.
— Calmez-vous, Calvin. Je ne suis pas ici pour me battre.
— Salaud !
— Je suis ici pour m’assurer que le message a été délivré.
— Salaud !
Sans difficulté, Siegfried repoussa Calvin. Elle trébucha et atterrit sur les fesses. Furieuse, elle lui cracha dessus, mais sa salive ne l’atteignit même pas. Il restait droit, stoïque, imperturbable.
— Vous l’avez laissé partir, pas vrai ?! s’étrangla l’inspectrice. Vous l’avez fait exprès !
— Nous savions que ce jeune garçon travaillait pour vous. Nous savons tout, Calvin. Nous savons toujours tout. Cette… défection dont lui et ses camarades ont eu l’idée n’a servi qu’à cela.
— Qu’à quoi ?!
— Qu’à vous faire passer le message. Quoi que vous fassiez, Calvin, vous ne sauverez jamais personne. Pire, c’est votre interférence constante qui est la cause de tous ces décès. Par votre faute… comment s’appelait-il, Carl, Caleb ?
— Chad. Il s’appelle Chad.
— Chad a désormais une moitié de crâne en moins. Que vaut votre croisade si elle laisse une hécatombe dans son sillage ?
— Vous ne vous en sortirez pas comme ça.
Il laissa un temps avant de répondre :
— Si.
Siegfried fit un pas en avant. Calvin recula nerveusement. Siegfried fit un autre pas, puis il la contourna, se saisit du téléphone encore sur la table, le broya sans difficulté, avant de revenir en arrière et de sortir du restaurant.
Calvin le regarda faire en silence.
Poussé par le désespoir, un barman avait tué un indic. Impuissante, l’inspectrice n’avait pu qu’assister au drame.
Elle se mit à quatre pattes et vomit le peu qui lui était encore resté sur l’estomac.
votre commentaire -
Par Antonio Vendini le 19 Septembre 2017 à 18:00
Voici une nouvelle écrite dans le cadre du Prix Jacques Robichon organisé par le Cercle des Auteurs Bandolais pour la première édition du salon du polar à Bandol.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique