• Six pieds sur terre

    Six pieds sur terre

     

                Antonio Vendini avait besoin d’une revanche, d’un dernier coup d’éclat sur Boris. Et le format de la nouvelle n’était pas le plus adapté pour mener à bien ce projet. Ce fut donc l’avènement d’UNHOLY WAR, découpé en 3 parties. Et, plus ambitieux encore : j’avais pris la décision de le rendre réaliste.

     

                Unholy War se déroulait 4 ans après l’affrontement entre Antonio et Boris, et on retrouvait ce dernier en train de mener une vie tranquille en tant que conseiller de police. Il était ami avec Cassidy Albarn, une ancienne strip-teaseuse qui allait de petit boulot en petit boulot. Bref, tout allait bien. Mais un jour, un individu surnommé INRI fit son apparition, et commença à assassiner des prêtres. Arrivant dans la maison de sa prochaine victime, il fut surpris en plein meurtre par un petit garçon, Michael. Ce dernier réussit à s’enfuir, mais, traumatisé, était désormais incapable de prononcer ne serait-ce qu’un son. Cassidy le recueillit par hasard. De son côté, Boris eut l’horrible surprise de voir qu’Antonio Vendini himself était de retour d’entre les morts. À mesure que l’enquête avançait, Boris tentait de démasquer INRI tout en protégeant Cassidy et Michael des assauts de Vendini, qui n’avait rien trouvé de mieux que de se mettre au service du tueur de prêtres.

     

                J’ai bien aimé écrire Unholy War, plus que les Protecteurs de Tamriel ou les nouvelles de Vendini. C’était pour moi l’occasion de rajeunir Antonio, et de corriger mes erreurs concernant tous les éléments fantastiques qui traînaient dans la série. La relation Vendini/Boris est devenue bien plus complexe, car l’un et l’autre se sont rendus compte qu’ils n’étaient que les deux facettes de la même pièce. Antonio est toujours très exubérant tandis que Boris est plus renfermé et secret, mais aucun des deux n’est véritablement capable de s’adapter aux gens qui les entourent.

     

                Antonio était devenu mortel. Tout au long d’Unholy War, j’ai laissé entendre que tout ce qui s’était déroulé jusqu’à Unholy War avait été partiellement inventé par son esprit. Certes, il avait vécu de vraies aventures aux côtés de sa sœur, mais il n’avait jamais été immortel, il n’avait jamais eu de fils, et j’ai même sous-entendu à plusieurs reprises que c’était lui qui avait fini par tuer Valéria. Et le pire, c’était qu’il persévérait dans son délire. Il déballait tant de mensonges et en même temps avec une telle conviction que Boris n’arrivait plus à démêler le vrai du faux. Unholy War fut un tournant majeur dans la construction d’Antonio, et ce fut par cette tentative de rationalisation que je vis l’apparition de nouveaux éléments très importants.

     

                Le premier d’entre eux fut le couteau. Antonio partage une relation fusionnelle avec cette dague. Chronologiquement, on pouvait voir Antonio déjà accroc à sa lame dans l’une des nouvelles de l’ancienne série, mais, hé hé, je l’avais écrite en même temps qu’Unholy War… Oui je triche ! Mais Vendini aussi, il triche ! Breeef. Antonio s’était attaché à cette arme blanche automatique, et ce fut l’apparition d’un nouveau trait de caractère : la cruauté. Antonio était devenu sadique, et prenait son plaisir dans la violence et la manipulation. Je le fis même aller jusqu’à utiliser des enfants psychologiquement fragiles pour atteindre Boris. Ce n’est qu’un exemple, car tout son talent de manipulateur fit réellement surface à partir de la fin du premier acte : il contrôlait tout depuis sa cellule de prison. Le couteau ne servait qu’à illustrer sa sauvagerie. De même, ce fut lors de cette période qu’il tomba sur son serpent, Véronica. Durant Unholy War, il extrayait du venin du reptile et le traitait pour le rendre encore plus dangereux. Cependant, je devrais dire qu’il faisait faire, plutôt, prison oblige. Ce qui m’amène à mon second ajout.

     

                Qui n’est autre que Cristina Vendini, la fille d’Antonio. Oui. Sa fille. D’une vingtaine d’années. Je ne m’étendrai pas sur sa création. Parce que je n’ai aucune idée de sa raison d’être. Cristina est arrivée comme ça. Je peux vous retranscrire d’ailleurs le dialogue (réel) qui a eu lieu entre moi et Antonio à cet instant :

     

    MOI : Hé, Tonio, écoute, j’ai eu une super idée, pour Unholy War.

    TONIO : Est-ce qu’elle implique un 35 tonnes qui roule sur Boris ?

    M : Euh… Non, mais c’est bien mieux !

    T : Vaaaas-y.

    M : Qu’est-ce que tu dirais… d’avoir une fille ?

    T : Une fille. Une… fille. T’es sérieux ?

    M : Bah oui !

    T : Il est sérieux… Honnêtement, je t’aime bien, mais… t’as pété une durite, là. C’est non, que dalle, jamais de la vie. Donne-moi plutôt mon 35 tonnes ! Ça sera rapide, efficace et propre ! Alors qu’une fille… Déjà, c’est une fille. Ensuite, ça sera une gosse, et…

    M : Mais non, elle aura 19-20 ans. Responsable, citoyenne, et tout.

    T : Et ça serait qui, la mère ?

    M : … Bah après, moi, je te donne le concept, mais t’improvise.

    T : Ok. Je te propose un deal. Tu la fermes et tu me donnes mon 35 tonnes.

     

                Il était ravi. Cristina servait de “Vendini de secours” en effet. Antonio passant désormais le plus clair de son temps en prison, il fallait pallier son absence. Cristina était parfaite et apportait une couleur différente à l’héritage Vendini. Bien sûr, j’ai réussi à me débrouiller pour laisser le doute. Était-elle ou non vraiment sa fille ? Je n’ai jamais donné la réponse, et même si ce fut sa seule et unique apparition jusqu’à aujourd’hui, je considère Cristina comme la suite logique d’Antonio. Si un jour un personnage féminin prend sa place, ce sera sous le nom de Cristina.

     

                Enfin, le dernier ajout que je fis à Antonio lors d’Unholy War fut le Magicien. Le Magicien. Encapé de vert et d’orangé et arborant un haut-de-forme et des cheveux noirs sales, depuis devenus sa marque de fabrique, le Magicien était dans Unholy War une sorte d’entité supérieure. Son but était inconnu, mais il tournait autour d’Antonio, qui, de son côté, disait qu’il s’agissait du diable en personne. Le Magicien fut la première personne envers laquelle Vendini éprouva une peur maladive. Je le considérais comme un grand architecte de la vie, un marionnettiste qui cherchait de quoi remplir son théâtre sordide. Le Magicien n’interagissait avec personne ni avec rien. La seule action qu’il faisait était de se transformer en oiseau dès qu’il était repéré. Si, à vrai dire, si. Il lui arrivait d’entrer en contact avec des personnages, mais seulement dans les rêves. De fait de son statut ambigu, il n’a jamais été très clair s’il était l’instigateur du retour de Vendini ou le parachèvement de l’esprit malade de ce dernier.

     

                Je n’ai jamais pu terminer Unholy War. Je me perdais dans les méandres de l’enquête, et j’en avais pourtant fait plus de la moitié ! Mais tant pis, je décidai à la place de me rabattre sur autre chose : un reboot des aventures de Vendini. La chose était ambitieuse et peu aisée, car cela signifiait que tout ce qui s’était déroulé auparavant n’avait jamais existé. Il fallait ré-imaginer les relations entre les personnages, en inventer d’autres, et tenter de rendre le tout plausible. Ce fut finalement plus facile que je ne le pensais de prime abord. C’est ainsi que commença THE ICE KILLER.

     

                THE ICE KILLER reprenait globalement la trame de ma toute première nouvelle mais… en mieux ! Antonio était désormais affublé de son gant, de ses yeux à l’iris blanc et de son couteau. Il avait gagné en profondeur, il était devenu bien plus complexe qu’à l’origine. Dans The Ice Killer, Antonio kidnappait dans un premier temps le procureur John Danler, après l’avoir humilié. Dorian Veidt entra en scène, et dit à son collègue et ami d’enfance que le parrain Don Rose voulait finalement qu’il tue le procureur pour prendre un nouveau contrat. Antonio apprit alors qu’il devait éliminer toute la famille Danler. Le père et la mère, c’était fait. Restaient la fille, l’oncle, la tante, et leurs deux enfants. Et pour ce faire, quoi de mieux que de lui adjoindre une blonde plantureuse répondant au nom de Valéria ? J’avais ainsi rassemblé le frère et la sœur, qui n’étaient plus frère et sœur, sur une mission d’assassinat qui se compliquait grandement avec l’arrivée d’un nouveau personnage, une fliquette insolite appelée Adelheit Ventell.

     

                C’était un scénario très basique, mais l’une des premières choses qui accompagna le reboot d’Antonio fut qu’il n’était plus seul. Il avait désormais sa petite équipe, constituée de Franz (déjà vu dans les Protecteurs de Tamriel), de Jake (déjà vu dans la première série de Vendini), de Romuald (déjà vu aussi dans la première série de Vendini), de Dorian Veidt, son meilleur ami (et déjà vu dans la première série), de Johnny (inconnu au bataillon) et enfin de Nevena (apparue dans une histoire de la première série jamais publiée ni achevée). J’ai longtemps considéré Nevena comme étant la mère de Cristina (et dans tous les faits possibles, c’est en effet sa mère). Antonio était donc désormais un homme heureux, avec des amis et une fiancée. Seul petit problème, qui devint vite important : le Magicien. Eeeeh oui ! Le Magicien était, malheureusement pour Antonio, devenu un concept essentiel à la plupart de mes textes. Le Magicien était, dans The Ice Killer, l’expression des frustrations et des sentiments qu’Antonio ne parvenait pas à extérioriser. Il agissait au travers des reflets et des miroirs, et il lui arrivait de se comporter comme une sorte d’ange gardien, de sixième sens. Néanmoins, cela avait rendu notre criminel ambitieux particulièrement irascible et nerveux, le faisant agir parfois sur des coups de tête irréfléchis et lui faisant carrément péter les plombs dès qu’on le traitait de dingo. Ce qu’il était tout naturellement et qu’il laissait transparaître par ce qui s’installait comme sa deuxième marque de fabrique : le sourire de loup.

     

                Même si le récit était narré du point de vue d’Antonio Vendini (point de vue externe toutefois), je le considérais comme le méchant de l’aventure. Le rôle de l’héroïne incombait plus naturellement à Adelheit Ventell, gamine de 18 ans aux sautes d’humeur improbables et qui se baladait tout le temps avec son “pinou-pinou”, un sac-à-dos lapin. Ventell s’imposait comme le remplacement de Boris, même si elle en partageait moins les principes moraux. Elle et Vendini étaient complémentaires et semblaient avoir vécu un passé commun que je n’ai malheureusement pas eu le temps d’approfondir, puisque le criminel ambitieux ne devait pas survivre à cette rencontre. Et je n’aurais pas voulu qu’ils survivent, puisqu’il s’avéra qu’il ne s’agissait en fait que d’une grande machination ourdie par Valentino Rose dans le but de l’éliminer par le biais de ses “amis”, le premier de la file étant Dorian. Nevena l’abandonna, Jake et Johnny tentèrent de l’éliminer. Les seuls qui lui restèrent fidèles furent Romuald et Franz. Par conséquent, Antonio ne pouvait pas survivre. Je tentai bien de faire une suite, centrée sur Valéria, qui aurait pris la relève de Vendini, mais je ne maîtrisais pas assez le personnage et décidai alors de m’en tenir là pour cette aventure. Après tout, Antonio avait atteint son apogée…


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