• La création de Vendini

    1- La naissance

     

    La naissance 

    Antonio Vendini voit le jour en novembre 2005, sous le nom de Tonio Vendini, lors d’une rédaction en cours de français. L’objectif était d’inventer une histoire policière à partir d’une image imposée. Deux photos étaient proposées : la première représentait Bonnie et Clyde, et la seconde dépeignait Paul Muni tenant une mitraillette. J’ai craqué sur la deuxième. Paul Muni était un acteur d’origine austro-hongroise célèbre pour avoir incarné le rôle-titre de Scarface, réalisé par Howard Hughes en 1933.

     

    Dans cette très courte nouvelle (à peine 4 pages écrites à la main), Tonio Vendini était coincé dans un entrepôt sur les docks alors que la police cernait le bâtiment. Il avait en otage une jeune fille nommée Morgane, ce qui lui octroyait un avantage. Alors que les policiers se rapprochaient, Antonio se remémorait les évènements de la soirée : comment il avait pénétré l’appartement du député Danler, comment il l’avait assassiné lui et sa femme et avait kidnappé sa fille pour réussir à s’échapper. Et il était à présent bloqué dans cet entrepôt. Il réussit à repousser temporairement la police et à exiger qu’on lui apporte un hélicoptère pour s’enfuir. Amorçant une bombe, il s’enfuit sur le toit, grimpa dans l’hélicoptère qui s’y était posé et tenta de déguerpir. Toutefois, le pilote du véhicule, resté sur le toit, réussit à tirer sur le réservoir d’essence et à faire s’écraser l’aéronef. Le pilote sauva la jeune fille, désamorça la bombe, et disparut dans une ruelle, pour révéler qu’il était en fait Vendini qui s’était déguisé.

     

    Le scénario était bancal, mais, eh ! J’étais jeune ! Après plusieurs années, j’en arrive à me demander comment j’ai pu écrire quelque chose d’aussi peu plausible. Pourquoi se serait-il enfui dans un entrepôt alors qu’il avait réussi à s’échapper sans peine ? Pourquoi ne pas emmener la fille avec lui dans l’hélicoptère ? Est-ce qu’on peut vraiment abattre un tel engin à l’aide d’un seul révolver ? Toutefois, il faut l’admettre : je m’étais amouraché de mon personnage, au point d’essayer de le caser dans presque toutes les rédactions qui suivirent.

     

    Sans m’en rendre compte, j’avais déjà posé des éléments de base qui allaient constituer l’univers du personnage : le député John Danler, sa fille, les docks (pourquoi toujours des docks ?), Antonio Vendini lui-même et ses yeux à l’iris blanc qui étaient devenus sa toute première marque de fabrique.

     

    2- La parenthèse fantastique

     

    La parenthèse fantastique

    Antonio Vendini était créé, certes, mais seulement dans une nouvelinette de 120 lignes. Mortellement jaloux de Christopher Paolini, qui était déjà connu à l’âge de 19 ans pour avoir publié Eragon, je m’étais dit que je le battrais en écrivant un super roman policier. Mais, hé hé, évidemment, à cet âge-là, on n’a pas véritablement les moyens de rivaliser avec une épopée pareille, et on ne mesure pas non plus ce qu’on dit. J’avais donc écrit 20 lignes, dans lesquelles Morgane, persuadée que Vendini avait survécu à leur précédente rencontre, contactait un détective privé du nom de Tom Wyvern pour en avoir le cœur net. À la fin de la 19ème ligne, j’avais compris que je ne serais jamais un écrivain mondialement connu aussi jeune et que je devais patienter. J’ai par conséquent mis Vendini au placard, en attendant de pouvoir le ressortir un jour.

     

    Ce jour est arrivé au printemps 2008. En été 2007, j’avais lancé un “concours” avec un copain dont le but était d’écrire une histoire qui faisait intervenir notre petite bande d’amis. On utilisait l’univers d’heroic fantasy des jeux Elder Scrolls (aaaah l’originalité du jeune âge !) et… ouais, en fait, c’était juste de la fanfiction. Ce concours a finalement donné naissance aux Protecteurs de Tamriel. C’était basiquement l’histoire de jeunes de chez nous qui étaient transportés dans ce monde fantastique on-ne-sait-comment dans le but de vaincre le terrible comte Arx Fatalis (l’originalité du jeune âge, bis). Ayant écrit un cycle de 4 aventures (de 21 pages chacune, ce qui constituait pour moi déjà un véritable exploit), je décidais de leur donner une suite. Et c’est là qu’Antonio est intervenu. Antonio Vendini, avec sa veste croisée et ses airs de minet napolitain, c’était évident qu’il ne pouvait qu’appartenir à un univers fantastique ! Et je l’ai donc introduit tel quel en tant que bras droit du comte Arx Fatalis. Cette introduction fut en fait très profitable au personnage, car je lui ai attribué deux éléments qui allaient contribuer de façon décisive à son élaboration.

     

    La toute première fut son gant. Antonio, pour une raison que j’ai toujours été incapable d’expliquer, ne porte qu’un gant, à la main droite. En fonction des versions, je l’ai justifié de façon plus ou moins habile. Par exemple, dans les Protecteurs de Tamriel, il porte le gant pour cacher une infirmité. Infirmité qui s’avère être l’absence de sa ligne de cœur sur la paume. Complètement idiot, on est d’accord. Je me suis dit qu’Antonio était immortel tant que sa ligne n’existait pas, mais qu’elle pouvait se creuser dès qu’il commençait à s’attacher sentimentalement à quelqu’un, et ainsi devenir mortel. J’hésite tellement entre dire que c’est gnan-gnan ou que c’est romantique que j’ai pris la décision d’inventer le terme “rognantique”. Le deuxième ajout majeur de cette période fut, plus que le gant, celui de Valéria. Valéria est un personnage très récurrent dans mes textes, qu’ils soient fantastiques ou non. Valéria était la sœur d’Antonio, une petite poulette blonde. À l’inverse de son sadique frangin calculateur, Valéria était plus émotive et quand même plus raisonnable. L’intérêt de cette relation n’était pas très important dans les Protecteurs de Tamriel, Valéria mourant tout au début du 2ème cycle, mais il le devint dans une autre série.

     

    Parallèlement à son apparition dans les Protecteurs de Tamriel, je décidai de donner à Antonio sa propre série de nouvelles. Mon plus grand regret fut d’y ajouter des éléments de fantastiques qui ne concernaient qu’Antonio. Antonio était toujours immortel, et bloqué éternellement à l’âge de 32 ans. Mais j’étais assez fier du reste ! J’ai remasterisé ma toute première nouvelle et ai pu lui donner une suite : Valéria, sur les ordres de Don Tino Rose, devait aider Antonio à éliminer l’increvable Morgane Danler. Les choses tournent mal à cause d’une rixe entre les deux assassins, et, de fil en aiguille, ils découvrent que Rose essaie de les faire éliminer tous les deux. Antonio et Valéria découvrent qu’ils sont frère et sœur, tuent Rose et laissent s’échapper Morgane. Ils se reconvertissent dans le mercenariat, et vivent diverses aventures, dans lesquelles ils rencontreront tour à tout Carlos Delrio (alors nommé Delario), Giulia Ferrogallo, Dorian Veidt, et Jake. Mais tout tourna au tragique quand Antonio fut obligé de tuer son fils (immortalité oblige) qui désirait tuer Valéria. Il s’avéra qu’en fait, Antonio était irrémédiablement amoureux de sa sœur (ça se tenait, ils avaient vécu en ignorant l’existence l’un de l’autre). Ils vécurent une dernière aventure ensemble à la fin de laquelle Valéria fut assassinée, plongeant Antonio dans une folie destructrice et un désespoir mortel. Et c’est là qu’intervient le dernier élément décisif de cette période, celui qui allait donner une dimension plus profonde à notre criminel ambitieux national.

     

    Cet élément portait le nom de Boris, et avait été inventé par Chrystelle. À la vérité, ce personnage me fascinait tellement qu’il ne pouvait que s’opposer à Antonio. En effet, ils étaient tous les deux terriblement identiques et pourtant terriblement différents. Antonio a toujours considéré Boris comme un digne successeur de ce qu’il était, à l’exception près que Boris était un pacifiste qui honnissait toute forme de violence. Le combat entre ces deux entités ne pouvait par conséquent jamais voir de fin. Mais il le fallait. Antonio avait réellement besoin d’un contrepoids pour le rendre plus intéressant, il avait cruellement besoin d’un contre-pouvoir pour qu’il se rende compte qu’il n’était pas éternel. Ce fut donc au terme d’une nouvelle épique (dans laquelle apparaissaient les prémices de Jack) qu’Antonio fut vaincu définitivement et tomba dans les profondeurs les plus abyssales des enfers. Antonio Vendini avait enfin cessé de vivre, et Boris pouvait désormais vivre heureux et sans craintes.

     

     

     

     

     

    AH OUI, VOUS Y CROYEZ VRAIMENT ?

     

    3- Six pieds sur terre

     

    Six pieds sur terre

     

    Antonio Vendini avait besoin d’une revanche, d’un dernier coup d’éclat sur Boris. Et le format de la nouvelle n’était pas le plus adapté pour mener à bien ce projet. Ce fut donc l’avènement d’UNHOLY WAR, découpé en 3 parties. Et, plus ambitieux encore : j’avais pris la décision de le rendre réaliste.

     

    Unholy War se déroulait 4 ans après l’affrontement entre Antonio et Boris, et on retrouvait ce dernier en train de mener une vie tranquille en tant que conseiller de police. Il était ami avec Cassidy Albarn, une ancienne strip-teaseuse qui allait de petit boulot en petit boulot. Bref, tout allait bien. Mais un jour, un individu surnommé INRI fit son apparition, et commença à assassiner des prêtres. Arrivant dans la maison de sa prochaine victime, il fut surpris en plein meurtre par un petit garçon, Michael. Ce dernier réussit à s’enfuir, mais, traumatisé, était désormais incapable de prononcer ne serait-ce qu’un son. Cassidy le recueillit par hasard. De son côté, Boris eut l’horrible surprise de voir qu’Antonio Vendini himself était de retour d’entre les morts. À mesure que l’enquête avançait, Boris tentait de démasquer INRI tout en protégeant Cassidy et Michael des assauts de Vendini, qui n’avait rien trouvé de mieux que de se mettre au service du tueur de prêtres.

     

    J’ai bien aimé écrire Unholy War, plus que les Protecteurs de Tamriel ou les nouvelles de Vendini. C’était pour moi l’occasion de rajeunir Antonio, et de corriger mes erreurs concernant tous les éléments fantastiques qui traînaient dans la série. La relation Vendini/Boris est devenue bien plus complexe, car l’un et l’autre se sont rendus compte qu’ils n’étaient que les deux facettes de la même pièce. Antonio est toujours très exubérant tandis que Boris est plus renfermé et secret, mais aucun des deux n’est véritablement capable de s’adapter aux gens qui les entourent.

     

    Antonio était devenu mortel. Tout au long d’Unholy War, j’ai laissé entendre que tout ce qui s’était déroulé jusqu’à Unholy War avait été partiellement inventé par son esprit. Certes, il avait vécu de vraies aventures aux côtés de sa sœur, mais il n’avait jamais été immortel, il n’avait jamais eu de fils, et j’ai même sous-entendu à plusieurs reprises que c’était lui qui avait fini par tuer Valéria. Et le pire, c’était qu’il persévérait dans son délire. Il déballait tant de mensonges et en même temps avec une telle conviction que Boris n’arrivait plus à démêler le vrai du faux. Unholy War fut un tournant majeur dans la construction d’Antonio, et ce fut par cette tentative de rationalisation que je vis l’apparition de nouveaux éléments très importants.

     

    Le premier d’entre eux fut le couteau. Antonio partage une relation fusionnelle avec cette dague. Chronologiquement, on pouvait voir Antonio déjà accroc à sa lame dans l’une des nouvelles de l’ancienne série, mais, hé hé, je l’avais écrite en même temps qu’Unholy War… Oui je triche ! Mais Vendini aussi, il triche ! Breeef. Antonio s’était attaché à cette arme blanche automatique, et ce fut l’apparition d’un nouveau trait de caractère : la cruauté. Antonio était devenu sadique, et prenait son plaisir dans la violence et la manipulation. Je le fis même aller jusqu’à utiliser des enfants psychologiquement fragiles pour atteindre Boris. Ce n’est qu’un exemple, car tout son talent de manipulateur fit réellement surface à partir de la fin du premier acte : il contrôlait tout depuis sa cellule de prison. Le couteau ne servait qu’à illustrer sa sauvagerie. De même, ce fut lors de cette période qu’il tomba sur son serpent, Véronica. Durant Unholy War, il extrayait du venin du reptile et le traitait pour le rendre encore plus dangereux. Cependant, je devrais dire qu’il faisait faire, plutôt, prison oblige. Ce qui m’amène à mon second ajout.

     

    Qui n’est autre que Cristina Vendini, la fille d’Antonio. Oui. Sa fille. D’une vingtaine d’années. Je ne m’étendrai pas sur sa création. Parce que je n’ai aucune idée de sa raison d’être. Cristina est arrivée comme ça. Je peux vous retranscrire d’ailleurs le dialogue (réel) qui a eu lieu entre moi et Antonio à cet instant :

     

    MOI : Hé, Tonio, écoute, j’ai eu une super idée, pour Unholy War.

    TONIO : Est-ce qu’elle implique un 35 tonnes qui roule sur Boris ?

    M : Euh… Non, mais c’est bien mieux !

    T : Vaaaas-y.

    M : Qu’est-ce que tu dirais… d’avoir une fille ?

    T : Une fille. Une… fille. T’es sérieux ?

    M : Bah oui !

    T : Il est sérieux… Honnêtement, je t’aime bien, mais… t’as pété une durite, là. C’est non, que dalle, jamais de la vie. Donne-moi plutôt mon 35 tonnes ! Ça sera rapide, efficace et propre ! Alors qu’une fille… Déjà, c’est une fille. Ensuite, ça sera une gosse, et…

    M : Mais non, elle aura 19-20 ans. Responsable, citoyenne, et tout.

    T : Et ça serait qui, la mère ?

    M : … Bah après, moi, je te donne le concept, mais t’improvise.

    T : Ok. Je te propose un deal. Tu la fermes et tu me donnes mon 35 tonnes.

     

    Il était ravi. Cristina servait de “Vendini de secours” en effet. Antonio passant désormais le plus clair de son temps en prison, il fallait pallier son absence. Cristina était parfaite et apportait une couleur différente à l’héritage Vendini. Bien sûr, j’ai réussi à me débrouiller pour laisser le doute. Était-elle ou non vraiment sa fille ? Je n’ai jamais donné la réponse, et même si ce fut sa seule et unique apparition jusqu’à aujourd’hui, je considère Cristina comme la suite logique d’Antonio. Si un jour un personnage féminin prend sa place, ce sera sous le nom de Cristina.

     

    Enfin, le dernier ajout que je fis à Antonio lors d’Unholy War fut le Magicien. Le Magicien. Encapé de vert et d’orangé et arborant un haut-de-forme et des cheveux noirs sales, depuis devenus sa marque de fabrique, le Magicien était dans Unholy War une sorte d’entité supérieure. Son but était inconnu, mais il tournait autour d’Antonio, qui, de son côté, disait qu’il s’agissait du diable en personne. Le Magicien fut la première personne envers laquelle Vendini éprouva une peur maladive. Je le considérais comme un grand architecte de la vie, un marionnettiste qui cherchait de quoi remplir son théâtre sordide. Le Magicien n’interagissait avec personne ni avec rien. La seule action qu’il faisait était de se transformer en oiseau dès qu’il était repéré. Si, à vrai dire, si. Il lui arrivait d’entrer en contact avec des personnages, mais seulement dans les rêves. De fait de son statut ambigu, il n’a jamais été très clair s’il était l’instigateur du retour de Vendini ou le parachèvement de l’esprit malade de ce dernier.

     

    Je n’ai jamais pu terminer Unholy War. Je me perdais dans les méandres de l’enquête, et j’en avais pourtant fait plus de la moitié ! Mais tant pis, je décidai à la place de me rabattre sur autre chose : un reboot des aventures de Vendini. La chose était ambitieuse et peu aisée, car cela signifiait que tout ce qui s’était déroulé auparavant n’avait jamais existé. Il fallait ré-imaginer les relations entre les personnages, en inventer d’autres, et tenter de rendre le tout plausible. Ce fut finalement plus facile que je ne le pensais de prime abord. C’est ainsi que commença THE ICE KILLER.

     

    THE ICE KILLER reprenait globalement la trame de ma toute première nouvelle mais… en mieux ! Antonio était désormais affublé de son gant, de ses yeux à l’iris blanc et de son couteau. Il avait gagné en profondeur, il était devenu bien plus complexe qu’à l’origine. Dans The Ice Killer, Antonio kidnappait dans un premier temps le procureur John Danler, après l’avoir humilié. Dorian Veidt entra en scène, et dit à son collègue et ami d’enfance que le parrain Don Rose voulait finalement qu’il tue le procureur pour prendre un nouveau contrat. Antonio apprit alors qu’il devait éliminer toute la famille Danler. Le père et la mère, c’était fait. Restaient la fille, l’oncle, la tante, et leurs deux enfants. Et pour ce faire, quoi de mieux que de lui adjoindre une blonde plantureuse répondant au nom de Valéria ? J’avais ainsi rassemblé le frère et la sœur, qui n’étaient plus frère et sœur, sur une mission d’assassinat qui se compliquait grandement avec l’arrivée d’un nouveau personnage, une fliquette insolite appelée Adelheit Ventell.

     

    C’était un scénario très basique, mais l’une des premières choses qui accompagna le reboot d’Antonio fut qu’il n’était plus seul. Il avait désormais sa petite équipe, constituée de Franz (déjà vu dans les Protecteurs de Tamriel), de Jake (déjà vu dans la première série de Vendini), de Romuald (déjà vu aussi dans la première série de Vendini), de Dorian Veidt, son meilleur ami (et déjà vu dans la première série), de Johnny (inconnu au bataillon) et enfin de Nevena (apparue dans une histoire de la première série jamais publiée ni achevée). J’ai longtemps considéré Nevena comme étant la mère de Cristina (et dans tous les faits possibles, c’est en effet sa mère). Antonio était donc désormais un homme heureux, avec des amis et une fiancée. Seul petit problème, qui devint vite important : le Magicien. Eeeeh oui ! Le Magicien était, malheureusement pour Antonio, devenu un concept essentiel à la plupart de mes textes. Le Magicien était, dans The Ice Killer, l’expression des frustrations et des sentiments qu’Antonio ne parvenait pas à extérioriser. Il agissait au travers des reflets et des miroirs, et il lui arrivait de se comporter comme une sorte d’ange gardien, de sixième sens. Néanmoins, cela avait rendu notre criminel ambitieux particulièrement irascible et nerveux, le faisant agir parfois sur des coups de tête irréfléchis et lui faisant carrément péter les plombs dès qu’on le traitait de dingo. Ce qu’il était tout naturellement et qu’il laissait transparaître par ce qui s’installait comme sa deuxième marque de fabrique : le sourire de loup.

     

    Même si le récit était narré du point de vue d’Antonio Vendini (point de vue externe toutefois), je le considérais comme le méchant de l’aventure. Le rôle de l’héroïne incombait plus naturellement à Adelheit Ventell, gamine de 18 ans aux sautes d’humeur improbables et qui se baladait tout le temps avec son “pinou-pinou”, un sac-à-dos lapin. Ventell s’imposait comme le remplacement de Boris, même si elle en partageait moins les principes moraux. Elle et Vendini étaient complémentaires et semblaient avoir vécu un passé commun que je n’ai malheureusement pas eu le temps d’approfondir, puisque le criminel ambitieux ne devait pas survivre à cette rencontre. Et je n’aurais pas voulu qu’ils survivent, puisqu’il s’avéra qu’il ne s’agissait en fait que d’une grande machination ourdie par Valentino Rose dans le but de l’éliminer par le biais de ses “amis”, le premier de la file étant Dorian. Nevena l’abandonna, Jake et Johnny tentèrent de l’éliminer. Les seuls qui lui restèrent fidèles furent Romuald et Franz. Par conséquent, Antonio ne pouvait pas survivre. Je tentai bien de faire une suite, centrée sur Valéria, qui aurait pris la relève de Vendini, mais je ne maîtrisais pas assez le personnage et décidai alors de m’en tenir là pour cette aventure. Après tout, Antonio avait atteint son apogée…

     

    4- Le pirate qui voulait être maire

     

    Le pirate qui voulait être maire

     

    L’affaire Vendini était terminée. J’optai alors pour un nouveau projet : la refonte des Protecteurs de Tamriel, en quelque chose de bien plus sérieux et plus crédible que leurs aventures d’origine. Après avoir réorganisé l’équipe de héros et les faire s’opposer au méchant habituel, j’eus l’idée soudaine d’introduire un méchant secondaire, qui n’était pas du tout prévu au programme. Un méchant qui était un aventurier à l’instar des héros. Et ce fut bien involontairement que ce méchant hérita des traits de caractère d’Antonio Vendini. Biggoblin le pirate, c’était son nom, était aussi machiavélique et rusé que son équivalent réaliste. Il le dépassait cependant en matière de cruauté et de sadisme, car le pirate était un véritable adepte de la torture, tant physique que mentale. Biggoblin fut à l’origine du dernier trait caractéristique d’Antonio : son ricanement. Le “kssshéhéhé” était très employé par le pirate ambitieux, et s’est en fait naturellement greffé sur le criminel du même adjectif. Pendant que Biggoblin le pirate évoluait dans son monde à lui, je me disais que j’étais heureux de ne pas avoir commis l’erreur d’à tout prix forcer Antonio dans un univers qui n’était pas fait pour lui. Oh, un forum de RPG orienté sur le surnaturel ! Antonio serait à sa place, ici !

     

    Vous y croyez, vous ? Vous y croyez que j’ai répété exactement la même erreur stupide qu’à mes débuts ? Antonio était arrivé sur le forum Devil Trinity, plus précisément dans la ville de Mountain City, qui n’abritait que des loups-garous, des vampires, des mutants, des morts-vivants, des sorciers, et quelques rares humains. Le truc du forum de RPG, c’est que vous inventez un personnage (ou le recyclez… ne me regardez pas comme ça !) et que vous créez ensuite une histoire avec une ou plusieurs autres personnes. Sans trop savoir pourquoi, je donnai à Antonio la classe “sorcier”. Le voilà paré à affronter des monstres, super. Et quand je dis monstre, y en avait des vraiment monstrueux ! Un homme-dragon, des aliens en folie, 3 clans de vampires, rien que ça, des sorciers fous ! Aucune place pour Vendini, en somme ! Et pourtant, sans me vanter, je trouve que j’ai assez bien réussi à tirer mon épingle du jeu. Mine de rien, la phase “Mountain City” fut la plus importante dans la création de Vendini. Tout ce que j’avais fait jusqu’à présent n’était que matière brute, mais le fait de devoir écrire face à d’autres personnes me força à affiner Antonio et à lui donner ce que je pourrais appeler sa forme définitive. Déjà, ce fut à partir de ce moment qu’Antonio utilisa le qualificatif de criminel ambitieux, qui fut employé comme un véritable leitmotiv. Antonio Vendini, 32 ans, criminel ambitieux. C’était la phrase d’intro de chaque petit récit.

     

    Ce qui me permit le plus de façonner le stade final de Vendini, ce fut indéniablement tous les personnages qu’il rencontra. Qu’ils soient farfelus, loufoques, ou encore effrayants, chacun permit à Antonio d’évoluer considérablement. Il se transforma ainsi en redoutable homme d’affaires, esclave du Magicien, sachant se faire de nombreux alliés, et aussi quelques adversaires au passage. Plusieurs des habitants de Mountain City apparaîtront au fur et à mesure dans le Vendini Show, le premier d’entre eux étant Grey Wahrheit. Grey était, dans Mountain City, un chasseur de monstres radical. Il éliminait tous les vampires, tous les sorciers, tous les canards à trois pattes qui passaient dans le coin. Il est difficile de parler de Grey car un important mystère l’entoure. Toujours est-il qu’il devint rapidement l’ennemi n°1 de Vendini. La même relation qui unissait ce dernier à Boris refit surface avec Grey. Ils se détestaient sans pour autant parvenir à se haïr et se retrouvaient l’un dans l’autre. Enfin, vous saurez tout cela plus en profondeur dans l’article sur Grey-même.

     

    Antonio rencontra tant de personnages fantasques qu’il serait difficile de tous les lister : Sélène la fille-corbeau, Thibalt le sorcier mangeur de pizza, Kyll la vampire SM, Rain la stockholm-syndrom-girl, Éli la vampirette à la poupée, Théodore le sorcier savant fou, Gabrielle la femme-alien… Ce fut aussi l’occasion pour moi de reformer le gang, dans une sorte de continuité de The Ice Killer. J’avais mélangé les anciennes versions et les plus récentes pour former un nouveau passé : Nevena était son ex-femme, Antonio avait une petite fille de 5 ans, Cristina (le retour), il travaillait bien malgré lui pour le Magicien (qui intriguait autant que ce qu’il respirait), et il employait également Franz, Romuald et Jack (le grand retour depuis sa seule apparition dans la première série de nouvelles). Il eut aussi l’apparition de Requiem, le SS au masque de carnaval, le top-assassin de Vendini et du Magicien. Plus qu’une réputation de tueur, ce fut celle d’un homme d’affaires et de baron du crime que se forgea Antonio, et cela illustrait une autre facette de cette personnalité. Indépendamment de moi, car je n’avais jamais pu le voir à la tête d’une quelconque organisation, seulement comme un sbire sans beaucoup de responsabilité.

     

    Je fus également surpris de voir le succès du personnage. C’était la première fois qu’autant de gens voyaient Antonio, lisaient ses aventures et ses péripéties, qui étaient parfois complètement absurdes. De son côté, Biggoblin le pirate se vendinisait toujours plus, ayant carrément perdu sa main droite et l’ayant remplacé par une prothèse (qui n’était pas sans rappeler le fameux gant unique). Je me suis alors rendu compte que Vendini formait une partie très importante de ma façon de voir les choses, et je me suis dit la chose suivante : pourquoi ne pas aller plus loin ? Vendini était populaire chez plusieurs personnes (plus que ce que je ne l’aurais jamais espéré), donc autant pousser le concept à son maximum.

     

    5- World Wide Vendini

     

    World Wide Vendini

     

    En quittant Devil Trinity, j’ai eu l’envie de me lancer dans ma propre aventure, mon propre forum. Bon, l’idée m’était déjà venue auparavant, mais les choses ne se réalisent pas toujours ! J’avais tout de même créé la ville de Sunset Bay, les Quatre Familles, les Quatre Gangs, la police, les criminels sans affiliation, les prostituées, les quartiers de la vieille ville, du centre ville, riche et populaire et même les alentours de la cité côtière. Ouaip, M’sieurs-dames, j’étais devenu le Baron Boulevard Haussmann en personne. Sunset Bay, j’y suis, j’y reste. Je n’avais encore jamais dévoilé dans quelle ville se déroulaient les aventures d’Antonio, c’était pour moi une première que d’enfin dresser un décor stable et immuable. Sûr, il y avait déjà eu quelques éléments bien précis, comme la tour Rose, le QG de Valentino Rose, et le Red Mill, le bar de strip-tease, mais c’était globalement tout. Anyway ! Il s’avéra cependant que je pouvais pas utiliser ce décor dans un forum, car… car je ne savais diablement pas comment m’y prendre, tout simplement ! Fixer des règles, ok. Fixer un règlement, je savais faire. Mais faire du code HTML, du CSS et tout ce qui ressemble à des appellations navales, sûrement pas. J’en suis donc resté là.

     

    Parallèlement, je commençai à prêter Vendini un peu partout. Le personnage plaisait, je ne voyais aucune raison de priver les gens de l’utiliser. C’est comme ça qu’Antonio s’est vu faire deux-trois bêtises avec la dessinatrice Rainbow. Juste comme ça, pour le fun. Antonio a par la suite joué dans les “Amazing Justice Girls”, en tant que personnage ultra-secondaire. Les Amazing Justice Girls (AJG pour les gens qui veulent faire simple) sont 4 super-héroïnes aux pouvoirs divers : se transformer en canard-garou, parler aux animaux en ayant un mouton sur la tête, attirer la fumée des cigarettes quelque soit la direction du vent, et être juste super forte. Normalement, si vous êtes aussi sains d’esprit que moi, vous avez arrêté de lire à partir de “canard”. Tout cette petite clique de gonzesses protège l’humanité des dangers qu’elle court, car, après tout, c’est vrai. Aux States, ils ont Spiderman, Batman, Superman, les Vengeurs, les Quatre Fantastiques, Daredevil, les X-Men, Spawn, Wonder Woman, les Green Lantern, Flash, Namor, Aquaman, la Justice League, Etrigan, le Surfeur d’Argent… Nous, en France, on a Super-Dupont, les Hero Corp, et, dans une certaine mesure, la Flander’s Company. Bon, aux States, ils ont corrélativement un taux de super-délinquance très très très élevé. Mais ça ne veut pas dire que la France ne doit pas avoir la classe ! La cape-classe ! Les AJG sont là pour redorer le blason bleu-blanc-rouge de la nation ! En effet, elles affrontent des monstres gigantesques, un parc d’attraction fantôme, et, le pire to pire : le Magicien himself.

     

    Ça m’a donné une idée. Comme j’écrivais des textes plutôt, les gens n’étaient pas tellement emballés à l’idée d’attendre de nombreux mois, voir un an, avant de pouvoir lire ne serait-ce qu’une aventure des Protecteurs de Safirel. Déjà que j’avais pas tellement de lecteurs, si en plus je les perdais, c’était la catastrophe. Je ne l’ai pas mentionné avant, car en fait, ça n’a aucun rapport avec la création de Vendini, mais je possède le site de RB Édition avec un ami, qui s’occupe de la gestion online, afin de publier mes textes, et plus récemment ceux d’autres personnes. Comme le site n’allait pas fort… n’est jamais allé très fort, j’ai trouvé amusant le concept de faire une BD. De faire comme si RB Édition était une vraie maison d’édition. Et c’est bien malgré lui qu’Antonio s’est retrouvé propulsé à la tête de cette petite entreprise. Avec son collègue Pablo, il tente de remonter les chiffres de RB Édition, tout en abusant très largement des employés. Nous avons appelé cette idée Like a Boss, avec Rainbow au dessin (car bon, elle est là, alors, on s’en sert !).

     

    Où je veux en venir ? À vrai dire, nulle part. En fait, donner à Vendini ce nouvel élan de jeunesse, ça m’a rendu l’envie d’à nouveau lui faire vivre des aventures. Je me suis rendu compte que j’étais le seul à savoir qu’il existait, et quelque part, pour moi, c’était synonyme de mort. En fin de compte, en-dehors de ses aventures fantastiques, il n’avait jamais rien vécu. Alors quand Rainbow, devenue dessinatrice officielle de RB Édition, m’a proposé de mettre les aventures de Vendini en BD, j’ai dit ok ! Ça s’est tout de go révélé plus difficile que ce que je ne le pensais… Mais je n’ai pas abandonné l’idée pour autant. J’ai juste compris qu’il fallait d’abord l’étoffer. Et pour étoffer l’histoire d’un personnage, quoi de mieux que de lui faire vivre son background ?

     

    6- The Vendini Show

     

    The Vendini Show

     

    On en est ainsi arrivé au Vendini Show. Pour créer le background de la BD, j’optai au début pour la rédaction de fiches de personnages, décrivant rapidement leur vie, leur physique, leur caractère et certaines de leurs particularités. C’était idéal, car je pouvais les solliciter à souhait dès que j’en sentais le besoin ou qu’un doute planait dans mon esprit. Et cela me permettait, en outre, de continuer tranquillement les différents reboots et remakes des Protecteurs de Tamriel/Safirel.

     

    Il est toutefois arrivé un événement que je n’avais pas prévu : je me suis lassé des Protecteurs. À force de ne faire que cela (et quand je dis que cela, c’était vraiment que cela en dehors des cours), j’en ai eu assez. Vraiment assez, je voulais changer. Je me suis naturellement réorienté sur Vendini, car en fait, c’est la seule chose que je sois capable d’écrire à part les Protecteurs. Je désirais simplement couper un peu avec le fantastique. Reprenant les fiches de personnages, j’ai écrit Les photos du mystère d’une traite, sans me soucier de quoi que ce soit. Ce n’est qu’ensuite que l’idée de monter le Vendini Show m’est venue.

     

    J’ai rapidement créé le concept dans ma tête : six séries de six nouvelles, que j’appelai respectivement saisons et épisodes, pour conserver l’idée d’un feuilleton. Ayant pris pour habitude de planifier mes scénarios à l’avance, je décidai cette fois-ci de procéder différemment. Certes, mes scénarios sont planifiés, à savoir qu’ils ont un début et que je sais où je dois aller, mais tout ce qui se passe au milieu est de l’entière improvisation. Si je faisais assez confiance au personnage pour respecter ce que je lui dis de faire, il y a longtemps que je l’aurais inventé, ce satané Vendini Show ! C’est par conséquent pour ceci que j’arrive à assez bien emboîter les épisodes les uns après les autres. Il y a certains trous dans le scénario qui sont comblés dans le récit suivant, d’autres qui le seront bien plus tard, dans la saison d’après, par exemple.

     

    Et voilà ! C’est actuellement l’étape finale de la création de Vendini, et j’espère vraiment que c’est la dernière. Vous avez par conséquent devant vous l’ultime édition d’Antonio Vendini, 34 ans (en novembre 2012), criminel ambitieux. Le Vendini Show relate les aventures d’Antonio de 2008 à 2012, c’est-à-dire à partir de sa défection de la Famille Rose jusqu’à son affrontement avec Adelheit Ventell. En chemin, il sera confronté à un syndicat du crime russe, un tueur en série, un super-héros et une organisation secrète. Et n’oublions pas Boris ni Grey, qui joueront un rôle essentiel dans ces péripéties ! Car, après tout, comment Antonio Vendini peut-il se définir si ce n’est en se mettant en opposition aux vrais héros ?

    Et en prime, le thème de Vendini !

    Al Capone — Ennio Morricone — The Untouchable (Original Motion Picture)

     

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 4 Mars 2013 à 21:56

    Des fois on se demande si c'est pas une seconde personnalité qui s'est développée chez toi XD

    2
    Darklightxeight
    Samedi 27 Juillet 2013 à 15:29

    Et un autre héros est né , très sympa et au plaisir de suivre tes aventures

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